Comment bien remplir son carnet de plongée ? (avec les outils d’aujourd’hui)

Lorsque j’ai effectué, au printemps 2015, la campagne de tests du magazine Plongeurs International, j’ai été amené à tester une quinzaine d’ordinateurs en situation réelle. La plupart de ces engins ont un logiciel associé permettant d’importer son contenu (vos plongées) vers votre ordinateur. L’évaluation de ces logiciels ne faisait pas partie de la couverture des tests, notamment par manque de temps : entre l’évaluation de tous les ordinateurs, il nous fallait aussi évaluer les détendeurs, les stabs, les palmes, les phares… Comme je devais changer d’équipement à chaque plongée, et donc notamment adapter mon lestage, cette expérience m’a permis notamment de recommencer une réflexion sur les éléments qu’il convient aujourd’hui de reporter dans son propre carnet de plongée. À l’heure de la dématérialisation, je me suis aussi posé la question si le carnet de plongée papier avait encore une utilité et/ou un avenir… D’autre part, je me suis rendu compte qu’il n’y a aucun « enseignement » sur la façon de le remplir correctement (à savoir quelles sont les infos indispensables à y faire figurer et quels sont les autres éléments à y inclure), cela étant généralement expliqué rapidement par le moniteur après les premières plongées.

Pour les débutants, il faut savoir qu’il est important de bien démarrer son carnet de plongée et bien comprendre ce qu’on doit y mettre. Outre les classiques, lieu, site de plongée, durée, profondeur, température de l’eau, j’insiste toujours sur le fait d’indiquer avec qui on a plongé : Notre sport est un sport de partage, pouvoir se rappeler une bonne expérience avec quelqu’un est toujours un moment fugace de bonheur. Trop peu de moniteurs, à mon sens, insistent sur le fait d’y inscrire le lestage adopté, ainsi que le sentiment associé (un peu lourd, bien équilibré, trop peu lesté, …). C’est toujours utile, lorsqu’on revient plonger en Méditerranée ou en Mer Rouge, de pouvoir se rappeler combien de kilos de plomb on avait « à la ceinture » la dernière fois, pour se redonner une base de départ et pouvoir profiter au maximum de ses plongées sans en gâcher une à cause de son lestage. Bien sûr, c’est bien de noter ses impressions et ce qu’on a pu observer, mais cela dépend de chacun, et de sa capacité à verbaliser ses sensations. Enfin le carnet est aussi un témoignage de son expérience acquise, et ce n’est pas seulement un album de tampons de moniteurs !

Lorsqu’on reçoit son premier carnet de plongée, c’est souvent un modèle « du commerce » ou promu par son école de plongée. Le modèle actuel de la FFESSM permet d’y enregistrer 134 plongées (je ne sais pas pourquoi ce n’est pas un compte rond !), d’autres écoles fournissent des carnets de 75, 80 ou 100 plongées. Lorsqu’on effectue 10 à 15 plongées par an, on se rend vite compte que le remplissage du carnet prendra entre 7 et 10 années de pratique… Le carnet papier est donc un outil indispensable au début (et tout au long) de sa « carrière » de plongeur….

Souvent, l’achat d’un ordinateur de plongée coïncide avec la formation PA20 ou Niveau 2. A moins d’être un geek invertébré, la question de l’interface avec un ordinateur n’est vraiment qu’accessoire au moment où nous devons choisir l’ordinateur qui nous accompagnera pour quelques années d’immersion. Pourtant à l’époque de la dématérialisation à outrance, c’est une question qui prend tout son sens. De plus en plus, ces logiciels permettent l’accès à des fonctionnalités (remise à zéro de la dessaturation , durcissement du conservatisme) et à des modifications de réglage que l’on ne peut pas effectuer parfois directement. De plus, ces logiciels permettent souvent la mise à jour du micrologiciel de l’ordinateur de plongée, ce qui permet d’utiliser un matériel toujours à jour des dernières corrections et innovations apportées par le constructeur.

Alors, est-il intéressant de tenir son carnet de plongée à jour sur son ordinateur personnel ? Je dirais que c’est un plus : Cela permet notamment d’analyser ses propres profils de plongée (c’est toujours utile d’y apporter un commentaire avec son moniteur dans un cadre de formation). On peut aussi y ajouter des éléments supplémentaires comme la localisation GPS des spots de plongée, y adjoindre des photos du site de plongée (en surface pour les amers par exemple, ou au fond pour la faune rencontrée), ou les photos de ses partenaires d’immersion… On a aussi accès par exemple, à la courbe de température de l’eau (ce qui permet de corroborer des sensations sur la thermocline durant la plongée…), à sa consommation en litre/minute durant les plongées et à diverses statistiques sur les cumuls qu’un logiciel peut aisément réaliser… D’autre part, il faut bien avoir à l’esprit qu’un ordinateur de plongée peut mémoriser entre 100 et 200 heures de plongée. si vous souhaitez éviter de « perdre » la mémoire de votre ordinateur, alors l’extraction des données qu’il contient devient alors incontournable. Chaque constructeur propose sa propre solution logicielle, voici les liens sur les trois principaux acteurs du marché :

Constructeur Logiciel
Suunto Dive Manager 5
Scubapro Uwatec SmartTRAK / LogTRAK
Mares Iris

J’ai été confronté à un souci quand j’ai changé de marque d’ordinateur il y a quelques années : récupérer l’intégralité de son carnet est quelque chose d’assez difficile, en effet ces logiciels ne partagent pas  de format de données compatibles et les formats d’échange sont plutôt pauvres. J’ai donc cherché sur le net des solutions alternatives et ouvertes. J’en ai trouvé trois qui me semblent « tenir la route ». Il s’agit des logiciels JDiveLog, Subsurface et Diving Log. Ces 3 solutions présentent l’intérêt de pouvoir tenir à jour son carnet de plongées sur son ordinateur personnel, et ce, quel que soit l’ordinateur utilisé. Ils sont en effet compatibles avec quasiment l’ensemble des ordinateurs de plongée du marché. Les deux premiers sont gratuits, JDiveLog est aussi compatible avec les ordinateurs Apple. Diving Log est quant à lui payant, mais pour un prix relativement modique (39 €), on a une vraie solution quasi professionnelle.

L’émergence d’internet et plus particulièrement du « Cloud Computing »  a amené l’apparition de plusieurs solutions de dématérialisation du carnet de plongées. Celles que j’ai pu identifier sont : Diveboard, Diviac, Divelogs, Oceans, plongee-loisir.com. Ces outils permettent (pour la plupart) de charger ses plongées sur internet, offrent des fonctionnalités de partage intéressantes sur les principaux réseaux sociaux, et permettent de consulter son carnet depuis n’importe quel terminal (il existe des applications smartphones pour la plupart de ces solutions). Certaines de ces solutions nécessitent un abonnement, d’autres sont entièrement gratuites, certaines ont une politique de transmission des profils de plongée vers des organismes tels que DAN. Je n’ai pas la prétention de faire ici un comparatif détaillé des différentes solutions, je vous laisse vous faire votre propre avis (en tout cas, moi j’ai le mien ! ).

Alors, devant une telle profusion de solutions, quelle est la bonne façon de tenir à jour son carnet de plongées ? Voici ce je préconise :

  1. De toute façon, continuez à tenir à jour son carnet de plongée papier ! (c’est aujourd’hui encore la seule solution pour authentifier et valider vos plongées !)
  2. Utilisez le logiciel constructeur pour effectuer les réglages personnels particuliers et tenir à jour le firmware de votre ordinateur de plongée.
  3. Si vous souhaitez dématérialiser votre carnet, alors utilisez JDiveLog, Subsurface ou Diving Log pour ce faire.
  4. Si vous êtes passé(e) par l’étape 3, alors pourquoi pas vous inscrire sur une solution « cloud » de partage de carnet de plongée (J’ai pour ma part retenu le site divelogs qui me parait être le plus neutre et le moins intrusif, et qui dispose même d’une application smartphone !).

Par ailleurs, dans un souci de transparence et de partage, je rends totalement publics mes profils de plongée, mais cela est un choix personnel ! Si vous procédez autrement, ou si vous ne voyez pas l’intérêt de dématérialiser votre carnet de plongées, je suis toujours preneur de vos retours pour enrichir le débat !

14 réflexions au sujet de “Comment bien remplir son carnet de plongée ? (avec les outils d’aujourd’hui)”

  1. Bonjour Philippe,

    Tout d’abord un grand merci pour le temps que vous mettez a enrichir votre site. Je l’ai decouvert grâce a votre article sur votre sejour a la reunion, suivant moi-même les publications liees a excelsus et les videos de Romain Vandaele.

    Je me presente rapidement, j’ai 37 ans, belge, affilié a la FFESSM. Je suis plongeur regulier depuis un peu moins de 2 ans, N2 depuis le mois de mai, ayant fierement 37 plongées au compteurs principalement en carrière en Belgique et en Méditerranée 🙂

    Personnelement, a ce jour j’utilise un Puck Pro de chez Mares pour lequel au fil de ma formation et pour m’aider a progresser au niveau des remontees assisstees pour mon N2, je me suis acheter l’interface pour pouvoir suivre mes profils.

    Je l’ai surtout utilisé dans ce but là mais moins pour historiser mes plongees. Pour ca, je reste assez Pro-papier,… Un peu comment pour les magazines que je continue a m’acheter en version papier…

    Maintenant je ne dis pas que je ne passerai jamais au carnet de plongee electronique, mais pour l’instant je me tâte encore…

    Voila mon petit commentaire…

    Bonne continuation!

    Gregory

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    • Bonjour Gregory et merci de ton retour. Je continue moi-même à scrupuleusement tenir à jour mon carnet papier, même si je tiens en parallèle mon carnet informatisé… je dois être un peu maniaque ! 😉

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  2. j’utilise Subsurface qui a l’avantage d’être ouvert à un très grand nombre d’ordinateurs, d’avoir une communauté très réactive pour mettre en place de nouvelles fonctionnalités
    c’est un outil qui permet à la fois de conserver son carnet de plongée informatisé
    mais aussi de planifier ses plongées (modèle Buhlmann + GF)
    je recommande vraiment ce logiciel

    Sinon, concernant les carnets de plongée papier, il n’y a aucun format standardisé, chacun a la possibilité de personnaliser son carnet.
    je connais d’excellents dessinateurs, leur carnet tient plus de tableaux de plongée que d’un carnet

    de mon côté, j’ai crée mon propre carnet, conforme à ma pratique

    http://reho.st/self/97c2f3cf5c1901195f4d0d10f47666fd353bbd6a.png

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    • Merci Laurent, ton modèle est très graphique et sympa, ça peut donner des idées !!!
      Je suis d’accord avec, il faut que le carnet soit conforme à sa manière de pratiquer, le « remplissage » doit être adapté.

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  3. Bonjour Philippe,

    Je suis en préparation N3 dans les carrières de Belgique, je suis ravie d’être tombée sur ton site, très clair, instructif, ludique qui viennent compléter ma formation avec mes instructeurs.

    Merci pour ton implication et tes conseils.

    Maïté

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    • Bonjour Maïté,
      Tu as bie ncompris la ligne éditoriale du blog ! C’est effectivement pour les plongeuses et plongeurs en formation que je réalise ces articles. Merci à toi de t’y intéresser ! Je suis toujours preneur de feed-back !

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  4. Salut Phil,

    Je viens ressortir un de tes vieux articles des placards mais toujours intéressant et d’actualité.
    J’étais chez Suunto depuis des années avec tout d’abord un Vyper, puis depuis 2 ans un EON STEEL.
    Je synchronisais alors avec le logiciel de la marque : DM5
    Aujourd’hui je viens de changer radicalement pour un OSTC 2 de chez Heinrichs weikamp. Avec toutes les recherches que tu as faites, as tu une solution pratique pour transférer les plongées sur un ordinateur et les avoirs sur un smartphone. (j’ai déjà l’application Dive log pour smartphone)
    Bien entendu il serait souhaitable que je puisse récupérer mes journaux de DM5 🙂
    Petite précision utile je suis sur Mac et iPhone.

    A très vite

    Pierre

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    • Salut Pierre !
      Joli challenge que tu me poses là ! Je pense que la meilleure (peut-être même la seule) solution pour toi est d’installer le logiciel Subsurface sur ton Mac.
      Tu peux le télécharger à cette adresse.
      Une fois installé, tu dois pouvoir importer tes journaux DM5 dans Subsurface. Pour tes nouvelles plongées avec ton OSTC2, Subsurface saura les importer.

      Pour pouvoir consulter tes plongées sur ton iPhone, crée un compte sur le site Divelogs, importe ton journal subsurface sur le site, installe l’app (payante) divelogs sur ton iphone, paramètre là avec ton idendifiant utilisateur divelog, toutes tes plongées sont dispos !

      Ensuite, à chaque plongée, tu mets à jour Subsurface depuis ton OSTC2, tu « uploades » ton carnet sur divelogs, et le tour est joué.

      J’espère que cela solutionnera ton souci !
      @Plouf
      Philippe

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  5. Bonjour Philippe,
    C’est toujours agréable de lire et relire tes conseils.

    Je plonge en France avec la FFESSM et en Belgique avec la LIFRAS

    Une petite précision en Belgique , ils insistent sur le fait que ce soit l’identité des binômes qui est à noter et qu’ils signent et non pas que le DP car même quelques heures après en cas de malaise, le médecin ou les secours peuvent les contacter immédiatement , je sais que le Club ou le DP a rempli une feuille de palanquée, mais il me semble que c’est une sécurité supplémentaire qui ne demande pas trop.

    Bonne journée
    Au plaisir

    Maïté

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  6. Salut Philippe,

    Quelle exhaustivité…

    Mais cela amène à une autre réflexion, d’autant que je suis un fervent utilisateur de Subsurface : la dématérialisation, si pratique tant pour le remplissage (c’est quand même beaucoup plus facile de remplir des données via un clavier, en tout cas pour moi, que de les écrire à la mano) que pour l’archivage, pose un autre vrai soucis, en tout cas chez nous en France, et tant qu’on n’est pas MF1… c’est la validation de la plongée…
    Le problème de la dématérialisation, c’est que c’est compliqué d’avoir un tampon dessus attestant de la réalisation de la plongée.
    Et quand on demande d’avoir pour tel ou tel qualification au moins N plongées autonomes ou X plongées profondes ou Z plongées tout court, quid de la réaction de l’examinateur à qui je présenterai fièrement mon smartphone connecté sur mon compte divelog ou Subsurface Mobile ???
    Alors jusqu’à y’a pas si longtemps, je faisais tamponner mon carnet en mettant simplement la date et les paramètres de la plongée, puis je saisissais mes commentaires sur Subsurface pour les imprimer selon un template pré-défini afin de le coller sur le carnet papier, mais une fois mes 86 plongées disponibles complétées, ben j’ai continué à remplir SSF, mais plus de trace papier…
    Peut-être qu’une évolution en ce sens pourrait se faire (signature électronique par exemple, via un certificat ou autre), mais en attendant, officiellement, j’ai pas plongé depuis Avril (et je peux te dire que non, j’ai bien mouillé la couenne une paire de fois depuis…)
    Alors je vais imprimer les pages et à la rentrée, faire le tour des DP pour qu’ils me mettent un grigri, histoire d’être en conformité, en faisant attention de ne pas avoir trop de validation identiques à la suite (j’ai ouïe dire que cela était suspicieux, de voir le même tampon 5 fois de suite sur un carnet, genre signature à la volée…) mais Dieu que ce n’est pas pratique…

    Amitiés
    Eric

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    • Merci Éric ! Effectivement pour certaines formations, dont celle d’initiateur, la FFESSM exige un nombre minimal de plongées effectuées en autonomie… Ta technique me semble la bonne !

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  7. Bonjour,
    suite à ce très bon article, j’ai franchi le pas en installant divelogs.
    Effectivement, ce site est simple d’utilisation. J’ai juste un petite question: est ce que tu sais comment rajouter une carte google maps (photo du site de plongée) sur une plongée déjà dans divelogs?
    Je n’ai pas trouvé de rubrique d’aide sur le site
    En tout cas merci pour cet excellent blog très utile et enrichissant (je suis initiateur depuis peu et certains de tes articles m’ont été très utiles dans ma préparation de cours)
    Bertrand
    E1 à Parthenay (79)

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    • Merci Bertrand ! Pour les cartes Google Maps, je saisis directement les coordonnées GPS des plongées… Je ne sais pas faire autrement… As-tu contacté l’auteur du site ? Il répond rapidement en général

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