Qu’est-ce qu’une plongée de réadaptation ?

Mon post sur la mésaventure de perte de palanquée et la réaction inappropriée que j’ai eu suite à cette perte m’a valu pas mal de commentaires plus ou moins teintés d’empathie, un de ceux qui a attiré mon attention est celle d’un plongeur qui semblait s’étonner de nous voir, S. (ma binôme préférée) et moi, effectuer une plongée de reprise dans la zone des 40 mètres. Cela a titillé mon esprit car je n’ai jamais eu l’impression de nous mettre face à un quelconque danger en allant faire un « touch » dans cette zone. J’en ai profité pour échanger avec quelques amis plongeurs et moniteurs, dont mon ami J.F., moniteur plein de bon sens et d’abnégation. il est ressorti de cet échange qu’il pourrait être intéressant de tenter de poser une définition non ambiguë de ce type de plongée, et de tenter par la même de poser quelques « règles » de bon sens, cela ne pouvait nous faire que du bien ! Donc la question est bien « Qu’est-ce qu’une plongée d’adaptation, à quoi cela sert-il  et que doit-on profiter de faire à l’occasion d’une telle plongée ? »

Curieusement, au sein de la FFESSM, il n’y a aucune définition fédérale ce type de plongée. Chacun devra donc y mettre sa propre compréhension. Tout d’abord selon moi, il y a lieu de différencier adaptation et réadaptation : On fera une plongée d’adaptation pour s’adapter  aux conditions de plongée auxquelles on va se confronter, notamment si ces conditions diffèrent fortement des conditions auxquelles on a l’habitude de s’exposer (par exemple, une première plongée en Mer Rouge pour une semaine de croisière, alors qu’on plonge habituellement en Manche). Une plongée de réadaptation sera par contre nécessaire si on plonge de nouveau après une longue période d’ascèse, et pas nécessairement dans un milieu différent de celui auquel on est habitué. A titre d’exemple, les plongeurs belges de la LIFRAS définissent une plongée de réadaptation comme une plongée qui correspond à la profondeur de « confort » pour le plongeur qui n’a pas plongé depuis au moins 3 mois. Elle définit aussi le fait que la profondeur maximale d’une plongée de réadaptation est de  30 mètres.

De même, si on change un élément important de son matériel (gilet stabilisateur par exemple), il serait de bon ton de mon point de vue de profiter d’une plongée d’adaptation pour s’habituer aux sensations procurées par ce nouveau matériel : Je me souviens, lors de la semaine de tests matériel que j’ai effectué avec le magazine Plongeurs International, j’avais l’impression de redécouvrir des sensations de plongée à chaque immersion, du fait que nous échangions tout le matériel d’une plongée sur l’autre !

Un autre élément peut être de se préparer à des conditions particulières : on ne partira pas plonger sur le U976 sans s’être préparé préalablement à pratiquer de la plongée très profonde. Ce sous-marin git par 55 mètres de fond, il sera donc indispensable de se préparer avant en ayant effectué une ou deux plongées dans la zone des 50 mètres afin de s’habituer à ce type de condition avant d’aller effectivement explorer cette magnifique épave.

De même, la plongée de réadaptation mise en place va dépendre du nombre total de plongées effectué dans l’année : si vous effectuez 5 à 10 plongées d’exploration par an dans la zone des 20 mètres, une petite plongée de 20 à 30 minutes dans la zone des 12 à 15 mètres pour retrouver ses sensations me parait indiquée. Par contre, si vous effectuez 40 à 50 plongées par an dont un certain nombre la zone des 40-60 mètres, une plongée de 30 minutes dans la zone des 30 mètres peut être une bonne remise en jambe. Enfin, si vous effectuez au moins 70 plongées réparties sur toute l’année, une plongée d’adaptation à un nouveau milieu ne me parait pas vraiment nécessaire…

On le voit bien, la notion de profondeur maximale d’évolution pour une plongée d’adaptation ou de réadaptation va dépendre d’un certain nombre de facteurs qu’il va falloir préalablement analyser. On profitera d’une plongée de réadaptation pour caler un certain nombre de réglages, le lestage notamment. De même, on restera sur un profil de plongée non saturante pour faire en sorte que cette plongée soit vraiment l’occasion de retrouver ses marques et de permettre de retrouver des automatismes dans un certain nombre de gestes techniques.

A mon sens, il n’y a pas d’obligation à effectuer une plongée de réadaptation sous la direction d’un moniteur. Cependant, si c’est le cas, on peut en profiter pour ré-effectuer 2-3 gestes techniques, du type assistance ou sauvetage. Bien entendu, si la plongée de réadaptation se déroule dans un cadre d’autonomie, tout geste technique du type assistance sera à proscrire. Par contre on veillera à ce que le matériel utilisé lors de la plongée de réadaptation ait été révisé soigneusement avant : il ne sert à rien de venir s’exposer à un accident parce que le matériel tombe en panne du fait d’une non-utilisation prolongée…

En résumé, j’aurais tendance à dire qu’une plongée de réadaptation est souhaitable :

  • Après un certaine période sans plonger (période qui peu aller de quelques semaines à quelques mois),
  • Après un changement de matériel important (stab, combinaison, détendeur, ordinateur, …) afin de pouvoir le prendre en main,
  • Pour se préparer à des conditions de plongée différentes ce celles auxquelles on est habitué (température, courant, visibilité, profondeur,…),
  • Pour connaître un nouvel équipier dans une palanquée.

Et vous, avez-vous d’autres éléments qui vous paraissent importants pour aider à la définition des critères à prendre en compte dans une plongée d’adaptation ? Merci d’avance  pour vos retours !

 

5 réflexions au sujet de “Qu’est-ce qu’une plongée de réadaptation ?”

  1. L’un des critères que j’ai toujours retenu est qu’une plongée de réadaptation doit être une plongée sans palier.
    Mais 40 pour une plongée de réadaptation me parait excessif

    Répondre

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