Comme chaque année, avec S. ma binôme préférée, nous avons choisi une destination éloignée pour nos vacances d’été. En effet, nous nous sommes déplacés au Chili pour près d’un mois. Nous en avons aussi profité pour réaliser un rêve de gamin (en ce qui me concerne), puisque nous avons profité de ce voyage pour passer une semaine sur l’Île de Pâques, de son nom polynésien, Rapa Nui. La découverte de ce confetti posé au milieu de l’Océan Pacifique a été un grand moment de nos vacances, tant les fameuses statues sont un ravissement de chaque instant, et apportent un questionnement sur les orientations que peut prendre une société… Le mystère qu’elles portent quant à leur signification exacte, la façon dont elles ont été transportées d’un bout à l’autre de l’île, porte aussi un certain romantisme. Au-delà de ces statues, nous en avons aussi profité pour découvrir les fonds autour du petit village de Hanga Roa, seul village de l’île. Voici don un petit compte-rendu, qui je l’espère vous donnera l’envie d’aller découvrir cet endroit magnifique, malgré la distance et la durée de transport (18 heures de vol depuis la métropole).L’Île de Pâques est un parc naturel, géré par la Corporación Nacional Forestal (CONAF), organisme chilien dépendant du ministère de l’agriculture et qui s’occupe de protéger, aménager, et restaurer les différents sites de l’île. Seul le village de Hanga Roa (situé à la point ouest de l’île) est une zone urbanisée. On y compte un peu plus de 3 000 résidents (sans les nombreux touristes !). L’aéroport de Matavéri est situé non loin du village. Il est desservi par un vol quotidien depuis Santiago, et il y a un vol hebdomadaire qui relie Rapa Nui à Papeete.
Le port de Hanga Roa avec les bateaux des pêcheurs et des centres de plongée
J’ai dénombré sept centres de plongée dans le petit village, preuve que notre activité favorite est bien implantée sur l’île ! La plupart sont affiliés aux écoles PADI et SSI. Nous n’avons eu aucune difficultés avec nos qualifications FFESSM/CMAS pour nous faire reconnaître. Plusieurs de ces centres sont situés dans le centre de Hanga Roa, non loin du petit port de pêche :
2 autres sont situés à côté de l’abri côtier de Hanga Piko (situé un peu au sud-ouest de Hanga Roa) :
Le dernier est situé non loin du site de Ahu Tahai (où l’on peut voir un des plus beaux coucher de soleil de l’île) :
Comme on peut le voir, malgré l’isolation géographique de l’île, l’offre de service en matière de plongée est conséquente, vous pourrez donc toujours trouver un centre qui vous accueillera ! Parmi tous ces centres, un seul est totalement francophone, et porte la mention « Cousteau Divers ». C’est le Orca Diving Center. En effet, il est tenu par le sympathique et discret Michel Garcia dont le frère aîné a fait partie de l’équipe Cousteau et avec qui il a ouvert ce centre il y a maintenant de nombreuses années !
Michel devant le bac de rinçage
C’est donc tout naturellement que nous avons pris contact avec lui pour effectuer nos plongées. Le local du centre est très spacieux, avec 2 zones de vestiaires, 2 compresseurs, un local humide pour les gilets, et les combinaisons.
Il y a aussi une zone d’accueil pour les clients. quand on arrive, on signe le fameux papier de décharge de responsabilité, prôné par PADI, qui spécifie que nous savons que la plongée est un sport à risques, que nous plongeons en toute connaissance de cause, et que tout accident ne pourrait être imputable qu’à nous mêmes. L’équipe de Michel a eu un rapide échange avec nous pour vérifier nos compétences et niveaux, et nous donner nos combinaisons, nos gilets et nos scaphandres. Nous avons donc eu un équipement complet en très bon état mis à notre disposition (y compris masques et palmes !). Comme l’eau est assez chaude (22 degrés en juillet, bien que ce soit l’hiver là-bas), on plonge pieds nus dans les palmes !
Nous avons plongé en étant encadrés par Christian, Moniteur PADI OWSI espagnol très prévenant et très sympa. L’embarquement s’est effectué à chaque fois sur les petits bateaux de pêche adaptés aux conditions du Pacifique. Nous n’avons eu qu’à monter dans le bateau ou les scaphandres que nous avions gréés nous attendaient sagement, regroupés par palanquées sous chaque banc ! Nous avons aussi partagé nos plongées avec deux péruviennes très sympas, puis une française « expatriée » à Papeete. Il faut savoir que comme pour la Polynésie Française qui permet une extension des profondeurs maximales, la réglementation locale permet à des plongeurs débutants (Niveau ou Open Water) de descendre jusqu’à 30 mètres de profondeur.
Ce qui m’a frappé dans les plongées que nous avons effectuées, c’est la visibilité. En effet, l’eau est totalement cristalline. Nous avons eu au moins 80 mètres de visibilité verticale (en effet, sur un des sites, nous longions un tombant avec un à-pic de 100 mètres de profondeur, et dans la zone des 20 mètres, je voyais le fond). Le côté cristallin de l’eau s’explique par le fait que Rapa Nui se trouve au milieu d’un désert océanique et qu’il n’ y quasiment pas de plancton. Le revers de la médaille est donc qu’il n’y a pas beaucoup de poissons. Cependant, au moins 25 % des espèces que l’on peut observer sont endémiques et ne peuvent donc être observées qu’aux abords de l’île !
Nous avons donc effectué trois plongées avec l’équipe de Michel. En voici un rapide résumé :
Plongée #1 : « The Wall » – 29 m – 54′
Ce site se situe à 5 minutes de la sortie du port de Hanga Roa. Le bateau contourne les brisants impressionnants et s’arrête au-dessus de l’accord de roche. Le principe de la plongée est de longer le mur, le bateau suivant nos bulles en surface. Nous nous immergeons sur 10 mètres de fond et nous suivons Christian vers l’ouest et l’accord de roche, pour descendre le long du mur et nous nous stabilisons vers 29 mètres de profondeur. Nous longeons alors main droite un mur de corail qui descend jusqu’à un bon quarante mètres ! Nous croisons quand même la route de trois carangues géantes (Caranx Ignobilis) très peu farouches et qui se laissent approcher. Nous avons aussi le plaisir de voir quelques belles langoustes de taille respectable, et plusieurs murènes endémiques (dont je ne connais pas le nom latin). Nous terminons la plongée en admirant un beau poisson pierre, et nous nous attardons près d’une très grosse ancre à jas abandonnée par un navire il y a certainement de nombreuses années. Pendant notre palier de sécurité, une énorme tortue est venue nous saluer, je crois que je n’en avais jamais vu d’aussi grosse !
Après cette plongée, nous rentrons au port pour y effectuer un intervalle surface de une heure avant de repartir pour notre deuxième plongée. Pendant l’intervalle surface, nous avons eu le plaisir de pouvoir admirer une autre tortue qui est venue faire tour de nageoire dans le port de Hanga Roa !
Plongée #2 : « The Moaï (Anchor’s Reef) » – 23 m – 45′
C’est une des plongées « phare » de l’île (même si ce n’est pas celle qui m’a le plus plu). Il s’agit d’un Moaï qui a été immergé pour les besoins du film « Rapa Nui« . Les centres de plongées y emmènent les touristes subaquatiques faire une photo en posant à côté. Cette statue commence à être concressionnée avec du corail.
Le reste de la plongée consiste à suivre l’accord de roche. On s’immerge à une bouée, et on ressort à une autre ! La plongée s’appelle aussi « Anchor’s Reef » car on peut y admirer plusieurs ancres à jas qui datent du 19ème siècle au minimum. Pour notre part, nous avons pu en voir 2 énormes ! En arrivant près du Moaï immergé, et après avoir sacrifié au rituel de la photo souvenir, nous avons voir un poisson pierre, puis 2 balistes bleus, et plusieurs murènes locales en pleine eau. Nous avons aussi pu assister au festin de poissons flûte se régalant du cadavre d’une pauvre girelle. J’ai aussi pu observer un poisson plat endémique de l’île, avec un aileron sur le dos. Je n’ai pas réussi à l’identifier.
Nous avons dû laisser passer 2 jours que nous avons mis à profit pour visiter les divers sites de Moaïs de l’île, du fait d’un train de houle océanique qui ne permettait pas aux bateaux de sortir. Nous avons notamment visité les sites magiques de Tongariki (où on peut admirer un alignement de 15 Moaïs) et de Rano Raraku (le volcan qui servait de carrière pour tailler les Moaïs dans ses flancs).
Plongée #3 : « Motu Nui & Motu Iti » – 29 m – 50′
Notre dernière plongée sur l’île de Pâques s’est déroulée sur ces deux petits îlots qui se situent à 1 500 m à l’ouest du volcan Rano Kau. Ces deux îlots, un grand (Motu Nui) et un petit (Motu Iti) sont séparés par une passe dans laquelle la met déferle. Le fond tombe très vite à plus de 100 mètres et on est confrontés aux conditions océaniques, du fait que l’on ne bénéficie plus de la protection de l’île. Ces deux îlots ont été aussi le théâtre des exploits des champions des tribus pascuanes qui venaient à la nage depuis la falaise du volcan, pour tenter de récupérer le premier un oeuf de mouette et de le ramener intact à son chamane et ainsi obtenir le titre convoité de « Tangata Manu » c’est-à-dire d’homme-oiseau. La plongée se déroule donc un lieu très chargé de mysticisme et de symbolique tribale ! La plongée consiste suivre le tombant vertigineux qui délimite les deux Motus.
Les coraux que nous avons pu observer étaient énormes, nous n’avons pas eu la chance de pouvoir observer des chasses de thon au large, mais il semble que cela soit assez fréquent en été (soit en décembre pour nous autres de l’hémisphère nord). La plongée en elle-même ne présente pas de difficultés particulières, si ce n’est la stabilisation à laquelle il faut toujours penser ! Je me suis plusieurs fois retrouvé à 40 mètres sans m’en rendre compte, tant l’eau est claire. Nous y avons vu un poisson pierre, des congres, des murènes (une grosse et deux petites), ainsi qu’une grosse langouste en balade et nous avons fini sur un banc de poisson flûte pendant notre palier de sécurité.
Il y a bien sûr plein d’autres sites de plongée à Rapa Nui. On pourrait notamment citer les sites accessibles depuis la plage de Anakena, à la pointe est de l’île et qui permet de partir du bord pour plonger. Au global, nous avons payé 220 000 $ (Pesos Chiliens) pour nos plongées, ce qui revient à un peu moins de 50 € par plongée avec tout l’équipement fourni, ce qui n’est pas excessivement cher, quand on regarde l’éloignement et la difficulté d’approvisionnement de l’île !
Malheureusement, je n’ai pas pu faire de film sous-marin pour ces sorties, en effet, nous nous sommes faits dévalisés par une bande pick-pockets professionnels et très bien organisés le jour de notre arrivée à Santiago du Chili. Nous nous sommes donc fait dérober nos ordinateurs de plongée, nos masques, et ma GoPro (il nous était déjà arrivé une mésaventure comparable à Mindelo au Cap Vert)… Il n’empêche que le Chili reste un pays très sûr en Amérique Latine.
En définitive, j’ai beaucoup aimé les plongées à Hanga Roa et son eau cristalline, elles resteront gravées longtemps dans ma mémoire. Je ne peux que conseiller d’aller découvrir cette île et ce pays fabuleux dont on ne revient jamais tout à fait le même, comme me l’a suggéré un amie Facebook, plongeuse d’origine chilienne, qui se reconnaîtra !
Et vous, avez-vous déjà plongé à l’île de Pâques ? Avez vous exploré d’autres sites ? Quels souvenirs en gardez-vous ? Merci d’avance pour votre retour !
Article très émouvant personnellement. S’il y avait des photos disponibles ou une projection organisée, je serai preneur.