Dans un article récent, je donnais quelques pistes pour aider au choix d’une combinaison de plongée, j’annonçais d’ailleurs dans cet article que je sautais le pas et que je me lançais dans l’investissement d’une combinaison étanche. J’ai réalisé mon achat, et j’ai pu profiter du salon de la plongée pour comparer divers modèles. J’avais restreint mon choix sur quatre modèles. Dans ce billet, je vais présenter les modèles que j’avais « short-listés », ainsi que le modèle qui a emporté ma décision, avec les critères que j’ai retenu. Dans la deuxième partie, je vais présenter la formation à l’utilisation d’une combinaison étanche que je vais suivre au sein du club dont je suis adhérent, le GEASM. Le contenu de cette formation a été mis au point par mon ami C. (que je remercie au passage pour le partage) et qu’il a gentiment accepté de me dispenser. On peut aussi trouver des cursus en ligne tel celui proposé par Patrick Poincelet au sein de la CTR Ile de France, en effet les supports présentant ce type de qualification ne manquent pas sur le sujet …
Face à l’offre pléthorique, j’ai dû restreindre les alternatives. J’ai volontairement réduit ma liste de choix sur des modèles orientés « Grand Public » (sauf peut-être la quatrième, mais qui présente l’intérêt d’être fabriquée en France). Les combinaisons qui ont donc retenu mon attention sont les suivantes :
- La Beuchat Iceberg Dry : Je dois avouer que j’aime beaucoup cette marque en ce qui concerne les combinaisons humides. Je les trouve extrêmement bien taillées, il était donc normal de regarder ce que donne le modèle étanche;
- L’Aqualung Blizzard Pro : Plusieurs amis ont ou ont possédé cette combinaison et ne tarissent pas d’éloge dessus, je l’ai donc incluse dans ma liste;
- La Scubapro Everdry 4 : Cette combinaison rencontre un vrai succès chez les plongeurs loisir. Scubapro est plutôt orienté « haut de gamme », j’ai donc décidé d’évaluer le modèle;
- La Topstar Suit Dry : Topstar est une PME française située en région bordelaise, et remporte pas mal d’avis excellents chez mes copains plongeurs et moniteurs, j’ai donc intégré cette combinaison dans la liste.
Comme vous pouvez le constater, je n’ai pas mis de combinaison en toile dans mes choix. En effet, je ne me sens pas à l’aise (déjà au sec) avec ce type de combinaison. Pourtant, ce type de modèle a ses inconditionnels, on peut citer en plus des marques classiques ci-dessus, des sociétés « de niche », comme Typhoon, Oceanic ou SF Tech qui proposent des modèles pour le moins intéressants, voire indestructibles !
Voici dans le tableau ci-dessous, les plus et les moins que j’ai pu évaluer pour chacun des modèles retenus (je rappelle que je n’ai aucune action ni aucun intérêt commercial pour les modèles que j’ai évalués, il ne s’agit que de mon simple et humble avis) :
En définitive, J’ai choisi le modèle Topstar Suit Dry 4 car j’ai privilégié les critères suivants :
- Des vrais bottillons attenants : J’ai une sérieuse tendance à abimer les chaussons, et je ne me vois pas renvoyer tous les 18 mois ma combinaison au Service Après-Vente.
- Des manchons latex : Je privilégie l’étanchéité apportée par le latex, même si cette matière est réputée plus fragile. Avec un peu d’entretien (il suffit d’utiliser du talc médicinal non parfumé quand on ne l’utilise pas et/ou des produits d’entretien du type de ceux vendus par la société AbyssNaut), et un peu de rigueur dans la manipulation, il n’y a aucun souci.
- Le côté mixte qui limite le volume d’air sur la partie basse et permet d’avoir une grande aisance de mouvement dans la partie haute.
- Le néoprène 4 mm compressé qui permet de limiter le lestage et est plus durable dans le temps.
- La fabrication française, avec une qualité de confection / façonnage et un service après-vente reconnu.
Certes, le modèle que j’ai retenu a un prix élevé, mais sa durabilité dans le temps en fait un investissement sûr. Cependant, vu le montant que ce type de combinaison représente, n’hésitez pas à tenter de négocier un rabais, ou un bonus (du genre souris thermique), cela n’engage à rien et peut-être couronné de succès ! La combinaison m’a été livrée accompagnée d’un sac étanche assez grand pour l’y ranger avec ma sous-combinaison Sharkskin Chillproof. J’ai aussi opté pour une cagoule attenante, comme cela je suis sûr de ne jamais l’oublier (je suis assez distrait et étourdi par nature) ! Le petit détail qui apporte un « plus » est que la combinaison est signée par la personne (Nicole, en ce qui concerne ma combinaison) ayant suivi sa fabrication. Lorsqu’on la déballe, on peut constater la grand soin porté pour la confection, on est face à du « haut de gamme ». J’ai appris par hasard que les sapeur-pompiers de Paris sont équipés avec cette combinaison étanche, ça m’a fait plaisir d’avoir fait le même choix !
Maintenant que j’ai ma combinaison, j’ai sollicité au sein de mon club mon ami C., comme moi Moniteur Fédéral 1er Degré, par ailleurs très impliqué dans le développement de la plongée « handi », et qui a de grandes qualités pédagogiques. Il a donc accepté de me former à l’utilisation et la maîtrise de ce nouvel élément de mon équipement. C. a mis au point une progression, qu’il a défini à partir des attendus du Manuel de formation Technique, sur le chapitre « Qualification Vêtement Étanche« . Cette formation est composée de deux parties, un module théorique et un module pratique composé de 2 plongées (au minimum). Le module théorique est dispensé en parallèle de la pratique et sur site, ce qui simplifie l’organisation de la formation (elle peut donc se dérouler sur une seule journée complète). Voici donc la trame de la formation que j’ai suivi :
Partie Théorique | |
Type de combinaison | |
Néoprène | Elles offrent une bonne protection thermique, et qui permettent d’injecter une faible quantité d’air (ce qui limite les problèmes d’équilibrage) |
Toile | Elles sont fabriquées en textile trilaminé avec polyester et butyl (qui ne sont ni plus ni moins qu’une toile enduite de caoutchouc de synthèse) qui n’apporte aucune protection thermique et qui rendent l’usage d’une souris obligatoire |
Mixte | Le bas de ces combinaisons est en néoprène et la partie haute est en toile, et de ce fait, elles ont les avantages et les inconvénients des deux précédentes |
Composants des combinaisons | |
Fermeture éclair étanche | Elle est moins souple que les fermetures éclair traditionnelles car constituée de grosses mailles, et rendue étanche grâce à des lamelles de latex se plaquant les unes contre les autres lors de la fermeture |
Manchons et Collerette | Quand ils sont en latex, ils sont faciles à enfiler, apportent une très bonne étanchéité, et permettent une purge, mais sont fragiles par contre. Ceux en néoprène ne permettent pas une aussi bonne étanchéité, mais sont beaucoup plus solides |
Inflateur | Il permet d’envoyer de l’air (froid !) à moyenne pression dans l’étanche, certains inflateurs sont connectables grâce à un connecteur universel, d’autres pas. |
Purge | Généralement, c’est une purge manuelle à tarage réglable. La sensibilité est réglée en la tournant dans un sens ou l’autre en fonction du contexte jusqu’au blocage (attention au danger que cela représente !). Soit elle purge en automatique si elle est ouverte, soit on l’actionne manuellement. A noter qu’on peut purger par les poignets (c’est un exercice effectué pendant la formation pratique). |
Éléments complémentaires | Il s’agit de la souris, la cagoule, les gants et les bottillons) : On trouve plein de modèles différents selon l’épaisseur, la matière, la coupe, … On peut mettre des sous-couches afin de n’avoir pas d’humidité au contact de la peau. Les bottillons sont la plupart du temps intégrés à la combinaison, ce qui nécessite souvent de changer de palmes. Ils sont parfois fins et nécessitent un bottillon classique (on peut alors garder ses palmes). |
Lestage | En général, le lestage est supérieur à celui du vêtement humide. En fonction de la combinaison qu’on possède, il est nécessaire de réfléchir à sa répartition (poches, baudrier, sur la bouteille…). On peut aussi avoir recours au lestage chevilles quand les pieds remontent (souvent avec une toile) |
SGS et Détendeur | La stab doit être bien adaptée à l’étanche. Il faut prêter attention au passage de la purge lorsqu’on s’équipe et faire attention à ne pas brancher les deux flexibles sur le même premier étage, ce qui peut favoriser le givrage. |
Habillage | |
Préparation | On peut talquer les manchons et la collerette |
Enfilage | Il faut bien régler les bretelles. On ferme la fermeture en vérifiant que rien ne l’entrave, et on la ferme doucement jusqu’à l’extrémité. On purge ensuite la combinaison. |
Contrôles | On vérifie le bon fonctionnement de la purge, de l’inflateur, et le bon positionnement des manchons et de la collerette |
Entretien | |
Rinçage | A l’eau douce, vérification de la fermeture et la rincer si nécessaire (avec un jet d’eau à faible pression, on peut aussi utiliser une brosse à dent ou une soufflette), |
Fermeture éclair | Lubrification de la fermeture avec un bâton de paraffine ou de cire d’abeille (proscrire la graisse car elle favorise l’adhésion des particules), |
Séchage | Séchage en évitant de plier la fermeture, en utilisant un gros cintre (tube PVC par exemple), lorsque la combi est sèche, il faut talquer les manchons et la collerette (surtout s’ils sont en latex). |
Inflateur | Régulièrement , démonter, nettoyer et lubrifier l’inflateur et les valves. |
Transport | Éviter le sac et ne pas plier serré, ranger la combinaison dans une caisse plutôt qu’en sac. |
Pliage | Partir des bottillons mis tête-bêche, rouler et rabattre les manches sans plier la fermeture. |
Incidents possibles | |
La remontée « ballon » | On l’appelle aussi « Remontée incontrôlée », elle est liée à plusieurs causes (perte de lestage, soupape de purge bloquée, inflateur en débit continu et enfin remontée pieds en l’air). La prévention et les conduites à tenir seront enseignées en pratique |
La flottabilité négative | La prévention et les conduites à tenir seront enseignées en pratique |
Cette formation permet d’appréhender, à l’aide d’un programme construit sur la base de deux plongées, les diverses techniques pour aider à maîtriser l’usage d’une combinaison étanche. Bien entendu, la maîtrise complète s’acquiert par la pratique constante, et si le stagiaire a besoin d’une ou deux plongées supplémentaires, il ne faut pas hésiter à les dispenser : il vaut mieux prendre du temps et laisser partir son « paddawan » en toute sécurité ! D’autre part, si le stagiaire qui apprend à maîtriser sa combinaison étanche est Niveau 1, il faudra bien entendu adapter le contenu pour enlever les exercices de remontée et le remplacer par des exercices d’équilibrage.
Partie Pratique | |
Séance #1 | |
Plan de Séance | Recommandations et Sécurité |
On s’équipe et hors de l’eau, accès aux éléments importants : purges, inflateurs. Vider l’air de la combi.
Parler purge poignet et collerette, mais ne pas utiliser cause prise d’eau ! Mise à l’eau, vérif. lestage légèrement positif, immersion 3/5 m, découverte placage du vêtement, manip des purges et inflateurs, posture épaule haute, retournement après légère remontée pied en haut en soufflant et purgeant, possible gonflage main accroché au tuyaux en ciment, retournement en purgeant et soufflant. Retour à la surface et débriefing Travail face au bout fond 20 m: canard et phoque, descente 10 m en alternant compensation masque, oreille, combi, gilet. Eviter le placage de la combi. Stabilisation et RSE, posture épaule haute purge automatique ouverte, stab vide, remontée à la palme en soufflant. Arrêt 3 m. Descente 20 m, routine masque, oreille, placage combi, gilet, stabilisation, remontée vitesse bulles, arrêt 15, 10 et 3 m, purge auto ouverte. Explo à 20 mètres avec travail d’aisance dans toutes les positions |
Attention eau froide ! bloc dans l’eau pour prévention givrage, gants et cagoules épaisses.
Attention à bien équilibrer les oreilles Rappel des consignes de sécurité en cas de perte de palanquée et de remontée rapide. Rappel de la procédure en cas de givrage du détendeur Gonflage intempestif inflateur combi, défaire le flexible en expirant et purgeant tout rapidement. Flasheur et phare allumés. Ne pas utiliser la combi comme stab ! Inflateur combi pour éviter placage et froid seulement. On a pris garde de n’avoir que le détendeur principal sur un premier étage, plus mano éventuellement. Si un seul premier étage, équilibrer gilet et vêtement progressivement tout au long de la descente, surtout pas tout en même temps au fond ! |
Séance #2 | |
Plan de Séance | Recommandations et Sécurité |
Immersion sur un fond de 20 mètres, garder le visuel ou pas sur le bout au moins en début de séance suivant la progression du stagiaire, stabilisé au-dessus du fond.
Ne pas oublier d’ouvrir les purges et d’assurer la bonne posture ! Assistance de 20 mètres sur signe du moniteur (on ne réapprend pas l’assistance, juste l’usage du vêtement) Surveillance des postures et des purges, les points de progression envisageables sont : arrêt franc à 13 mètres, 8 mètres et dans la zone des 3 mètres Sauvetage de 20 mètres Assistance évolutive vers un sauvetage |
Idem Séance #1 |
J’ai considéré qu’il était important de me former pour manipuler ce type de combinaison : on a un volume d’air supplémentaire à gérer, la posture dans l’eau est différente, il y a une latence sur la purge (et ça fait du bien à l’ego de se retrouver de temps en temps en posture d’apprenant !). Cette progression n’est bien entendu qu’une proposition pédagogique, ce n’est évidemment pas en deux plongées que l’on maîtrise l’usage et la technique de gestion du volume de gaz supplémentaire avec lequel il faut jouer, en parallèle du gilet… Au vu de l’expérience de ma première plongée, je pense qu’il m’en faudra un peu plus 🙂
Personnellement, ce qui m’a le plus surpris, au-delà de la perte de motricité aquatique, a été la sensation du volume d’air qui se déplace autour du corps, et plus particulièrement, en phase de remontée, le phénomène d’écrasement des chaussons sur les pieds. Sensation totalement nouvelle pour moi, qui n’ait jamais connu que les combinaisons humides. Tout cela m’a énormément désorienté, et j’ai éprouvé le sentiment d’être un jeune plongeur Niveau 1 en train d’effectuer une plongée de validation en milieu naturel ! À la deuxième plongée déjà, je me suis senti beaucoup plus à l’aise, et la gestion des deux volumes de gaz m’a semblé plus aisée (mais ce n’est peut-être qu’une impression). Il me faudra bien entendu aller au bout de ma formation, et bien la maîtriser, avant que je ne me sente prêt à l’utiliser en plongée technique en tant que moniteur.
Et vous, vous êtes adeptes de la combinaison étanche ? Avez-vous été formés à son usage, ou bien vous avez dû apprendre seul(e) ? Avez-vous des trucs supplémentaires qui permettraient d’enrichir cette progression ? Merci d’avance pour vos retours !
Toujours aussi bien vu et expliqué ! Merci aussi à ton C… (que des bons !! ) pour le cours
dommage que contrairement à toi je n’arrive pas à basculer vers l’étanche sinon je le prendrai bien comme mono ..
Par contre j’ai du mal à bien voir les différentes parties » haut » et « bas » et comment tu fais l’isolation, totale ou partielle ?
j’espère te voir un jour avec pour clarifier cela
Merci pour tes encouragements Jacques ! Je te montrerai la différence la prochaine fois qu’on se voit à Questembert ! 😉
bonjour
je ne comprends pas l’intérêt de la RSE en étanche, quel est l’apport par rapport à la combinaison ?
D’autre part, il manque plusieurs exercices indispensables, il me semble, à la pratique de l’étanche :
– les tests de retournement en cas d’air dans les pieds avec un décollage tête en bas (tests de retournement dans le MFT). A réaliser depuis une profondeur fond (type 20m) ou depuis un palier (type 6m)
– gestion d’un décollage rapide suite à un gonflage intempestif de l’étanche depuis 20m
– débranchage et rebranchage de l’inflateur étanche en cas de débit continu
L’étanche n’est pas très complexe à appréhender, il faut juste comprendre comment circule la bulle d’air selon la position et intégrer la position et la fonctionnement de la purge automatique.
Ils sont inscrits (je les ai fait) dans la séance pratique.
Je les rajoute dans la feuille de route !
Je sis d’accord, ce n’est pas complexe, c’est juste … surprenant !
Merci pour ton retour !
Mon commentaire a disparu ?
Laurent, jamais de censure chez moi 😉
désolé, Philippe, le commentaire n’apparaissait pas
mea culpa
et merci pour tes documents
Bonjour Philippe,
Complet et précis, comme d’hab…
Je préciserais peut-être un point : « J’ai une sérieuse tendance à abimer les chaussons, et je ne me vois pas renvoyer tous les 18 mois ma combinaison au Service Après-Vente. »
Tu peux parfaitement préserver tes chaussons en mettant des rock boots, genre de sur-chaussure que tu enfiles par-dessus les chaussons ; par contre, c’est palme réglable obligatoire.
Le gros avantage du chausson par rapport au bottillon, c’est que tu peux complètement retourner ta combinaison pour la faire sécher (accumulation de condensation ou prise d’eau accidentelle).
Sur le point de la formation, nous en avons déjà virtuellement débattu, et je suis 100% pour, et dans l’esprit de ce que tu as fait et suivi, car les gestes précis associés aux compétences indiquées par Laurent sont, à mes yeux, simplement directement liés à la sécurité du plongeur.
Merci Éric ! Oui j’avais hésité sur les chaussons + rock-boots, mais j’ai préféré opter pour le botillon rigide, cela m’a paru plus solide dans le temps ! L’avenir me dira si j’ai eu raison ! 🙂
Contrairement à ce qui est écrit et sauf erreur de ma part, la Beuchat iceberg pro dry a une fermeture ventrale et des chaussons souples.
Oui effectivement, le nouveau modèle est bien conforme a ce que tu écris, l’ancien modèle avait une fermeture dorsale, et des bottillons.
Mon article date de début 2018
Merci cet article.
Avec les bottillons épais de la topstar, tu utilises quelles palmes, en quelle taille ?
Je viens d’en acheter une et je dois changer mes palmes, bottillons en 42
Merci Paul
J’utilise des palmes réglables Scubapro Seawing Nova réglables, en taille Xlarge