L’utilité du troisième détendeur

Cet appareil vient remplacer un inflateur traditionnel de gilet stabilisateur et permet de disposer sur l’inflateur d’un deuxième étage de détendeur à disposition devant soi. Le modèle Scubapro est compatible avec bien sûr tous les gilets stabilisateurs de la marque, tout comme l’Air Source 3, qui lui est à destination des gilets Aqualung. Ils sont tus livrés avec un flexible spécifique, à brancher sur le premier étage du détendeur (le flexible est spécifique car le « bitoniau » sur lequel le flexible vient se clamper est plus gros que sur les inflateurs classiques).

C’est une plongée technique de formation Niveau 3 qui m’a poussé à m’équiper de cet appareil. Il y a quelques années, avec un stagiaire en fin de formation N3, nous répétions l’exercice d’assistance évolutive à 40 mètres qui classiquement se déroulait de la façon suivante : Dans cette zone, je fais le signe « ça ne va pas », mon stagiaire intervient entame une remontée assistée, et dans la zone des trente mètres, je crache mon détendeur principal pour simuler une syncope et « contraindre » mon élève à basculer en prise de sauvetage. durant cet étape, mon apprenant était tellement concentré sur son assistance, qu’il n’a jamais remarqué que je n’avais plus d’embout respiratoire en bouche ! D’habitude, je prenais soin de toujours garder mon détendeur dans la main droite, mais cette fois-là, je ne sais pas pourquoi, je l’avais directement « craché » (un excès de confiance en soi sans aucun doute). Comme de bien entendu, au bout de quelques secondes, j’ai cherché à remettre mon détendeur en bouche, et ce qui devait arriver arriva : je ne suis pas parvenu à le retrouver immédiatement. J’ai eu quelques secondes de grande solitude, fort heureusement, j’ai pu après quelques gesticulations le retrouver et disposer d’une source d’air me mettant en sécurité.

Cette bêtise dans mon comportement m’a fait gamberger, et au delà de mon erreur, je me suis posé la question sur la façon de pouvoir correctement simuler une syncope, tout en ne me mettant moi-même en danger. C’est ainsi que l’idée de m’équiper d’un « octopus/inflateur » s’est imposée à moi. Comme je suis équipé d’une stab Aqualung i3 (on ne vantera jamais assez ce système ), je me suis fait offrir un inflateur Aqualung Air Source 3. Depuis, quand j’effectue des plongées techniques, je suis beaucoup plus détendu, j’effectue des assistances évolutives en appliquant le modèle décrit supra, et je n’hésite plus à ne pas tenir mon détendeur, du fait que je dispose quasi sous mes yeux d’un embout respiratoire de sécurité.

Les deux modèles sont très similaires, les inflateurs sont dotés d’un flux extrêmement puissant et ont un débit d’air qui permet de gonfler le gilet très rapidement. Personnellement, et bien que daltonien de la pire espèce, je trouve que la présentation du Scubapro est meilleure, le bouton de l’inflateur étant de couleur rouge, tandis que celui de la purge est de couleur grise (sur le modèle Aqualung, les 2 boutons sont gris). J’aurais plutôt préféré avoir un gros bouton pour le gonflage et un petit pour la purge, car il arrive que mes élèves confondent les boutons.

Sur l’ergonomie, par contre je considère que le modèle Aqualung tombe mieux en main. De plus il est démontable très simplement, ce qui permet un rinçage ad hoc, et aussi de le ranger à part avec les détendeurs à l’abri de chocs divers.

L’inconvénient majeur de ces appareils sont les mêmes pour les deux modèles : le flexible spécifique nécessite d’utiliser le détendeur associé. si vous oubliez votre détendeur, vous ne pourrez pas utiliser votre stab, et si vous utilisez une autre stab, vous ne pourrez pas utiliser votre détendeur. L’autre inconvénient, et non des moindres, est leur prix. Le modèle scubapro est en vente pour un montant de 200 € environ, tandis que le modèle Aqualung tourne autour des 300 €. J’ai pu noter aussi que le modèle Aqualung est assez dur à trouver en magasin, il m’a fallu d’ailleurs commander le mien.

Un dernier point, ce n’est pas parce que vous utiliserez un « octopus/ » inflateur » qu’il faut enlever l’octopus classique. J’ai gardé le mien (j’ai donc 3 détendeurs : mon principal, mon octopus, et mon air source 3), et je préconise à toutes et tous de faire de même. Cet accessoire est un élément de sécurité personnel ! Je préconise aussi de respirer sur son octopus et sur son Air 2 / Air Source 3 à chaque plongée pour les faire travailler un peu (et vous permettre de vous rappeler qu’un détendeur de secours n’a pas le même confort respiratoire qu’un détendeur principal ).

Et vous, utilisez-vous aussi un accessoire de ce type ? En avez-vous eu déjà l’utilité ? Si vous n’n avez pas, mon article vous aura-t-il donné l’envie de vous équiper d’un troisième détendeur ? Merci par avance pour vos retours !

9 réflexions au sujet de “L’utilité du troisième détendeur”

  1. Bonjour,
    M’étant fait surprendre, pas forcément au bon moment, par l’utilisation d’un Air 2 sur un décollage par 25m lors une assistance, j’aurai une question sur le débit d’air lors du gonflage du gilet.
    Y a-t-il une réelle différence avec un inflateur classique ou est-ce moi,stressé, qui ai noté un remplissage très rapide de la stab de mon «  » »coéquipier » » » du jour 😉 ?
    Cordialement
    Joël

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    • Merci Joël, oui il y a une vraie différence de débit, les Air 2 / Air Source 3 donnent beaucoup plus d’air que les inflateurs classiques. Je vais tâcher de retrouver des chiffres de mesure afin de mettre à jour l’article !
      Bonne continuation à toi.

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  2. Salut Phil,

    Configuration matériel intéressante que je n’ai rencontré qu’une seule fois dans ma « carrière » de moniteur bénévole.

    Le point noir de ces inflateurs/détendeur, et des inflateurs Scubapro d’une façon générale, c’est le positionnement côté à côte des boutons de gonflage et de purge lente. Comme tu le mentionnes la confusion est fréquente en exercice. Je l’ai vu encore pas plus tard que dimanche dernier lors d’une plongée de formation en fosse. Mon élève a d’abord confondu les boutons sur lui-même, puis sur moi lors d’une intervention. Et encore nous sommes en fosse, en exercice, mains nues et bonne visibilité. Au fond d’un lac ou d’une carrière et en cas d’urgence réelle la même confusion peut avoir des conséquences dangereuses. C’est ce qui me fait privilégier sur mon matériel les modèles type Aqualung où le gonflage est sur la tranche et la purge lente à l’extrémité. Cela n’empêche pas tout, mais cela prévient un peu quand même.

    Une autre configuration qui peut avoir un avantage équivalent est d’utiliser un tour de cou qui garde ton détendeur principal sur le torse quand tu le lâche. Cela se « bricole » avec un bout fin, cela existe aussi tout fait généralement dans les rayons pour les teckies. Comme ça même quand tu fais le moniteur balèze qui n’a pas besoin de détendeur, tu le retrouve rapidement.

    Pour l’instant ma petit astuce est d’avoir mon octopus dans la main gauche, que j’utilise si mon élève ne me remet pas mon détendeur en bouche assez vite. Ce qui ne s’est jamais produit, mais cela viendra.

    Merci pour ton partage et bonnes bulles en 2020 !

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    • Merci Stéphane ! Excellentes sugestions que tu fais là ! Perso, je n’aime pas ces tours de cou, c’est pour cela que je ne l’utilise pas… L’idée de tenir l’octopus préalablement est vraiment bonne ! Bonnes bulles à toi !

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  3. Bonsoir Phil,
    Merci pour ces conseils, je débute en tant que MF1et suis preneur de toutes techniques.
    J’utilisais la même technique que Steph, mais je ne suis pas contre d’essayer la tienne.
    Affaire à suivre ( à Carantec)

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  4. Bonjour,
    Je réponds à PHIL; je suis d’accord avec lui à 100% et pour cause. Pour éviter de chercher mes deux détendeurs, je les ai autour du cou attachés avec des courroies élastiques et j’ai en plus un inflateur-détendeur sur le gilet de type MARES!(j’ai bien-sûr deux 1ers étages sur deux blocs différents dont un nitrox dont le % varie en fonction de la profondeur)
    Pour la petite histoire, je suis dans une équipe pro(où chacun doit s’assumer; cà ne rigole pas); je venais de faire réparer mon détendeur principal donc confiant, je descends en 2mm à 40m avec l’équipe. Brutalement plus d’air! Sans même pouvoir m’arrêter et suivre obligatoirement dans une eau avec 2m de visibilité l’équipe, j’ai changé de détendeur/octopus(nitrox à 32% pour cette plongée) et l’équipe ne s’en est même pas aperçue; en remontant, je m’équilibre avec l’inflateur -dédenteur du gilet pour faire les paliers et vraiment, il faudrait la faute à pas de chance pour avoir deux détendeurs en panne mais j’aurais toujours comme PHIL le détendeur du gilet….. mais j’hésiterais à l’essayer à 40M….
    Par contre, si la panne est sur le 1er étage, il faut que l’octopus fonctionne. Qu’en penses-tu ?
    Je ne vois pas comment optimiser plus le risque?

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    • Merci Eric !
      Quand le premier étage dysfonctionne, il se met en débit continu. On tombe donc sur un autre type de souci !
      Je ne vois pas plus que toi comment mieux optimiser la gestion du risque !
      Bonnes bulles !

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      • Exact pour le 1er étage.

        Dans mon cas, c’était PIRE, PHIL! le gars qui avait révisé mon 2ème étage, n’a pas changé la membrane de la valve un peu vieille; elle s’est retournée et j’ai aspiré de l’eau de mer…. Il ne faut pas paniquer à 40m et j’ai bloqué ma respiration pour souffler dans l’octopus, après changement de détendeur.(vaut mieux avoir son 2ème détendeur sous la main!)
        Par contre, j’ai eu un 1er étage qui n’a pas fusé mais qui s’est bloqué progessivement, c’est aussi assez surprenant; je ne dirai pas la marque.

        Le conseil que l’on peut donner, « pendant la descente, changer de 2ème étage, une ou deux fois pour être sûr que tout fonctionne bien, à la fois, les 1ers et 2èmes étages. »
        (Il suffit de prendre une robinetterie avec deux sorties lorsque l’on a qu’un seul bloc)
        Donc vos remarques à tous sont particulièrement JUDICIEUSES et partagées. Il reste à les mettre en pratique.
        bonne journée

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