En cette période de rentrée scolaire, bon nombre de nos clubs associatifs vont reprendre de l’activité, et beaucoup de moniteurs vont se retrouver en salle, ou dans une piscine devant un parterre de stagiaires. Quand on dispense un cours théorique, ou qu’on effectue une séance pratique de formation avec nos apprenants, nous sommes toujours confrontés à différents publics (jeunes/vieux, hommes/femmes, timides/volubiles, hyperactifs/amorphes, …). Il convient donc pour le moniteur de devoir s’y adapter. Mais comment faire cela ? C’est en échangeant avec M., une collègue de travail, que j’ai eu l’idée de ce billet à la suite d’un article qu’elle m’a fait lire sur la maîtrise d’un auditoire pendant une prise de parole. Je vais donc rappeler les canaux de communication pour ensuite nous intéresser aux type de public que nous sommes amenés à rencontrer dans nos séances pédagogiques. S’il vous plait, lisez cet article avec un œil bienveillant et si possible un peu teinté d’humour, le but n’étant pas ici d’asséner des vérités intangibles, mais plutôt de donner des pistes d’adaptation pour bien animer des séances de cours !
Nous ne percevons pas tous notre environnement de la même façon. Nous appréhendons le monde qui nous entoure au travers de nos cinq sens (certains racontent que d’autres seraient dotés d’un sixième sens, mais cela reste à prouver !). Cependant, pour l’enseignement de la plongée, trois sens sont prédominants : la vue, l’ouïe, et le toucher. On parle de canaux de communication « Visuel », « Auditif » et « Kinesthésique ». Ainsi, parmi nous, certains auront naturellement une tendance à percevoir et à ressentir une expérience de façon surtout visuelle (V), d’autres de façon plus auditive (A), et d’autres de façon plus kinesthésique (K). Ces différents modes de représentation se refléteraient non seulement dans notre langage verbal, par les mots que nous employons, mais aussi dans notre langage non-verbal et dans notre personnalité. Bien entendu, nous ne sommes pas que « V », ni « A », pas plus que totalement « K », cependant, chacun d’entre nous a un profil dominant. La difficulté pour l’enseignant est de pouvoir identifier le canal dominant de chacun de ses apprenants. Le site Solutions pour une société inclusive, HopToys a mis en ligne une infographie que vous livre ci-dessous, qui résume bien les types d’apprentissage, et qui doit aider à cette identification (et non pas classification) :
Comme j’aime souvent à le rappeler, une séance pédagogique théorique ou pratique, un briefing d’avant-plongée, ne seront efficients que si ces trois canaux sont utilisés en même temps par le moniteur ou le Guide de Palanquée pour faire passer le message qu’il souhaite : on dit les choses (canal auditif) en les mimant et en les faisant mimer (canal visuel) ou répéter le geste par les apprenants (canal kinesthésique). J’ai pu effectivement tester cela sur des séances pédagogiques théoriques et pratiques, et l’acquisition du savoir par l’apprenant est nettement meilleure quand on multiplie les canaux de communication : Rien ne vaut une répétition de la prise d’assistance en la mimant en « réel » avec juste une stab enfilée et un détendeur posé « autour » du cou, puis en la faisant rejouer par le stagiaire, tout en prenant soin d’énoncer oralement les différentes étapes. En fonction de votre stagiaire, il faudra insister plus sur un des canaux, la difficulté étant de déterminer quel est le canal majoritaire ou prépondérant de votre élève !
Maintenant que nous savons ce que sont les canaux de communication, quels sont les types d’apprenants que nous allons rencontrer dans nos séances pédagogiques ? Plusieurs études sociologiques réalisées permettent de les classer en sept catégories comportementales, c’est pourquoi on utilise la métaphore des sept nains de Walt Disney (dans le conte originel des frères Grimm, les nains n’étaient pas nommés ni identifiés individuellement). Si vous vous rappelez bien de leurs noms, il s’agit de Prof, Simplet, Grincheux, Timide, Joyeux, Atchoum et Dormeur, . On le voit bien chacun d’entre eux correspond à un trait de caractère et si on parvient à les identifier lors d’une séance de cours, on peut facilement adapter son discours pour les intéresser, les motiver, les valoriser, et faciliter ainsi la fluidité de l’intervention (attention, un stagiaire ne reste pas nécessairement dans un type de personnalité, il peut passer de l’une à l’autre en fonction du moment du cours ! Aussi, il faut toujours adapter son discours et sa pédagogie aux circonstances).
On va donc rencontrer dans nos séances :
- Prof, alias « Le stagiaire qui sait tout mieux que vous » :Je me suis déjà trouvé devant cette situation. Par exemple, faire un cours d’anatomie/physiologie avec un médecin ou un infirmier parmi les stagiaires… Dans ce cas là, on peut vite avoir un grand sentiment de solitude ! En effet, ils maîtrisent beaucoup mieux que vous le sujet présenté, et pour cause ! Pas d’hésitation, il faut s’appuyer sur leur savoir, leur compétence en les sollicitant pour qu’ils éclairent le sujet présenté. Cela apportera du rythme, de la variété, et de l’animation dans le cours. En plus le stagiaire sera valorisé et heureux de « briller » au sein du groupe.
- Simplet, alias « Le stagiaire qui ne comprend pas ce qu’on explique » : J’en ai souvent rencontré, notamment lorsque les stagiaires PA20/Niveau 2 sont confrontés à la loi de Boyle-Mariotte (le fameux P1.V1 = P2.PV2) ou lorsque j’explique les calculs de saturation par compartiments aux stagiaires N4/Guide de Palanquée… En fait, ce sont ceux (ou celles) qui osent dire qu’ils/qu’elles n’ont pas compris ce que j’ai énoncé… Au lieu de répéter la même explication une n-ième fois, il faut trouver une autre voie, leur donner la parole, leur faire faire l’exercice au tableau en les accompagnant, bref c’est une chance d’avoir ce type de caractère, dans un auditoire car on est sûr qu’on va devoir varier les canaux de communication et les chemins de démonstration et d’explication !
- Grincheux, alias « Le stagiaire qui râle tout le temps » : Nous l’avons tous été un jour ou l’autre, soit sur les bancs de l’école, soit quand nous apprenions à plonger. C’est le stagiaire qui vient au cours à reculons, et qui n’hésite pas à dynamiter la séance, en faisant savoir que ce que l’on enseigne ne sert à rien, que c’est une perte de temps, ou que la manière d’enseigner est inadaptée… Plutôt que de se laisser interrompre à tort et à travers, il vaut mieux faire une pause et lui donner la parole pour qu’il expose ses « griefs », et une fois cela fait, vous pourrez reprendre la parole et argumenter point par point sur les « reproches » formulés (attention cependant à ne pas s’abriter derrière des excuses comme « c’est imposé par la Fédération » ou autres choses de cet acabit, c’est destructeur !). Ensuite, on reprend le cours, le grincheux n’aura plus la parole, et ne dialoguez plus de nouveau avec lui (ou elle).
- Timide, alias « Le stagiaire timide qui ne parle pas ou qui ne répond pas aux questions » : c’est tout simplement souvent parce qu’ils ont peur de dire une bêtise. Il faut donc les accompagner, suggérer la réponse en débutant la phrase et et les laissant terminer. Il ne faut pas à mon sens les mettre en évidence, mais souvent venir vers eux pour leur permettre de s’exprimer. Il ne faut pas oublier de les valoriser lors qu’ils ont répondu correctement ou réagi de la manière attendue à partir de la perche que vous leur aurez tendue.
- Joyeux, alias « Le stagiaire qui acquiesce à tout ce qu’on dit » : Quand on a ce type de caractère dans un auditoire, c’est embêtant, car on ne sait pas si le message passe : ils sont toujours d’accords, ils se comportent comme de vrais fans du moniteur… Il faut ne pas trop interagir avec eux car on risque de ne le faire qu’avec eux, au détriment des autres stagiaires. Sans les ignorer, il faut gentiment s’appuyer sur eux pour faire passer le message.
- Atchoum, alias « Le stagiaire qui perturbe le cours ou qui est dissipé » : Si cela arrive, il faut souvent se poser la question « Pourquoi fait-il cela ? »… Souvent c’est parce que le cours que l’on dispense est monotone, voire inintéressant. Il faut donc peut-être revoir la façon de faire. Mais cela peut-être aussi une attitude délibérée, désinvolte. Dans ce cas, il ne faut pas hésiter à le mettre en lumière, et lui poser la question si le cours ne l’intéresse pas, voire l’impliquer dans une démonstration ou un exemple. Dès qu’il sera impliqué, son attitude changera du tout au tout.
- Dormeur, alias « Le stagiaire qui s’en fout » : Au contraire des « Atchoums », les « Dormeurs » ne perturbent pas le cours, ils sont là physiquement, mais ailleurs intellectuellement. Pour eux, il faut mettre du rythme, comme pour un exercice de gymnastique matinal, quand on cherche à réveiller son corps (sauf que là, c’est l’esprit !). En combinant des ruptures de rythme, en les associant aux démonstrations, ils quitteront cette posture de désintérêt et participeront activement.
Bien entendu, l’audience d’une séance pédagogique (qu’elle soit théorique ou pratique) n’est pas figée, et comme je l’ai écrit déjà plus haut, les apprenants passent d’une posture à l’autre sans prévenir, c’est au moniteur de les détecter, et à lui de s’adapter. Ce qui est important, c’est de montrer du respect à chacun, de l’empathie pour tous, de ne pas converser uniquement avec un coin de la salle, mais bien d’échanger avec tous. Il ne faut pas rester statique (tel l’image du prof inerte, coincé derrière son bureau en train d’expliquer en latin la Guerre des Gaules de Jules César) mais bien se déplacer parmi les stagiaires, accompagner son discours de gestes illustrant le propos, et plonger son regard dans les yeux de toutes et tous. Je sais, c’est plus facile à dire qu’à faire !
Et vous, avez-vous déjà rencontré ces profils pendant vos séances (en tant qu’apprenant ou en tant que moniteur) ? Peut-être avez-vous découvert un 8ème profil ? Merci par avance pour vos retours !
Je profite de la fin ce billet pour remercier le centre de plongée « Le Poulpe » car j’ai extrait de son site web l’image mise en avant sur cet article.
Salut,
un autre cas de figure: l’angoissé. Celui qui appréhende de passer à la pratique.
Bises
Véro
Bravo Véro ! Tu as trouvé le 8ème !!!
Le fantôme : celui qu’on voit de temps en temps
Bravo Cédric ! Tu viens de trouver le 9ème !