Il y a maintenant presque neuf ans, j’ai écrit un article sur la bonne façon de remplir son carnet de plongée (le billet date de fin août 2015). Depuis lors, on peut dire que les choses ont profondément évolué. Les logiciels de de tenue à jour de son journal existaient depuis déjà plusieurs années, mais les solutions hébergées dans le « cloud » en étaient encore à leur balbutiements. L’idée m’est donc venue de refaire un point sur les logiciels et les solutions existantes pour vous aider à choisir votre outil (si ce n’est déjà fait) ou bien vous incitez à « migrer » vers une autre solution. La liste que je vais donner ci-dessous n’est bien sûr pas exhaustive, et ne relève que de ma petite expérience de plongeur amateur…
Je vais faire la distinction entre les différentes solutions qui s’offrent à nous : les logiciels constructeurs, les logiciels sur ordinateur ou mobile (à savoir que souvent les logiciels sur ordinateur ont une extension mobile pour se synchroniser), les programmes gratuits ou pas, et les solutions hébergées… ce dans le but de tenter de vous donner le meilleur tour d’horizon possible.
Les logiciels constructeurs
Aujourd’hui tous les constructeurs proposent un logiciel de gestion et de carnet de plongée avec les modèles d’ordinateurs qu’ils proposent. De mon point de vue, ces solutions ont le mérite d’exister, mais elles ne sont pas à retenir si vous souhaitez gérer votre carnet de manière informatisée. En effet, vous serez enfermés dans une marque, et le jour où vous changerez de modèle d’ordinateur, vous serez confrontés au fait de devoir prendre un ordinateur de la même marque (en espérant que le logiciel de gestion soit compatible) ou de changer de marque et de devoir migrer votre existant (avec les pertes inévitables de données que cela occasionne). Vous l’aurez donc compris, je ne suis pas partisan de ce type de solution (mis à part pour paramétrer votre ordinateur, si la solution le permet). Voici un petit florilège des programme proposés :
Aqualung et Apeks
Diverlog+ est une application sur mobile disponible sur Android et iOS. Elle permet de paramétrer et configurer les ordinateurs Aqualung et Apeks, ainsi qu’effectuer la mise à jour du micrologiciel. En parallèle, elle permet de charger et de tenir à le carnet de plongées issu de l’ordinateur.
Cressi
Cressi met à disposition une application mobile « Cressi App » (sur Android et iOS). Cette appli permet le transfert des données de plongées d’un ordinateur de plongée vers un mobile. Je n’ai pas vu qu’elle permettait de mettre à jour le micrologiciel de l’ordinateur.
Garmin
Garmin Dive est une application sur mobile disponible sur Android et iOS. Elle permet de télécharger les plongées, et de les stocker sur le « cloud » de Garmin. C’est une application spécifique (au contraire de Suunto qui fait une application générique). Par contre, je n’ai pas vu si elle permet de mettre à jour le micrologiciel de l’ordinateur.
Mares
Mares offre une alternative entre une application mobile « Mares App » (sur Android) et une application PC « Dive Organizer« . L’app mobile permet de configurer l’ordinateur, de mettre à jour le micrologiciel et de tenir à jour son carnet de plongées avec des fonctionnalités intéressantes comme l’ajout de binôme par QR Code (mais uniquement valable entre possesseurs d’ordinateurs de la marque). L’application PC est plus orientée carnet de plongée informatisé, mais permet aussi le contrôle de l’ordinateur de plongée. Le constructeur offre aussi une appli Mac (Tender en version bêta à ce jour) qui n’est compatible qu’avec le modèle haut de gamme « Genius« .
Heinrichs Weikamp
Heinrichs Weikamp, le constructeur des ordinateurs OSTC (« Open Source Trimix Computer »), reste fidèle à sa philosophie « Open Source » et se concentre sur le développement de le leur « hwOS » (système d’exploitation de leurs ordinateurs). Il a donc fait le choix de ne pas investir dans le développement d’une application propriétaire que ce soit sur mobile, sur PC ou sur Mac. Il met à disposition un outil propriétaire baptisé « OSTC Companion », qui permet la mise à jour du microgiciel, et renvoie les utilisateurs vers des logiciels tiers, payants ou gratuits, tels que « MacDive« , « Diving Log« , « Subsurface » ou encore « Diviac » pout tenir à jour leur carnet de plongée.
Scubapro
Scubapro met à disposition l’application « LogTrak« pour ses nouveaux modèles (G2, Luna 2.0, …). Elle existe en version mobile , en version PC et en version Mac. Elle permet (normalement) de télécharger les plongées sur mobile ou ordinateur. Elle permet aussi de mettre à jour le micrologiciel, et de régler les paramètres de l’ordinateur de plongée, notamment les données personnelles (qu’on ne peut pas modifier sans elle). Le logiciel précédent (« SmartTRAK » pour la série Galileo Sol et Luna), bien qu’imparfait, était beaucoup plus riche en fonctionnalités. L’ergonomie de la version PC/Mac est assez déplorable de mon point de vue, et le téléchargement des plongées via l’application PC est assez aléatoire. On a donc une vraie régression aujourd’hui, ce qui indique un désengagement de la marque vers ces solutions.
Shearwater
Shearwater met à disposition l’application mobile « Shearwater Cloud » qui permet de télécharger les plongées sur le « Cloud » propriétaire et vous y donne accès via l’interface utilisateur de l’application. Elle permet aussi de régler les paramètres de l’ordinateur et de mettre à jour son micrologiciel.
Suunto
Après avoir été pionnier dans la mise à disposition d’applications PC pour connecter son ordinateur de plongée, le constructeur a complètement abandonné cette voie pour ne se consacrer qu’à une application mobile unique, « Suunto App« , pour gérer toutes les montres de sport et ordinateurs de plongée de la marque. Comme pour les applications des marques concurrentes, on peut effectuer les manipulations de téléchargement de plongées, de paramétrage de l’ordinateur et de mise à jour du micrologiciel.
Au vu de cette petite énumération, on se rend bien compte que les constructeurs sont en train d’arrêter de maintenir les solutions PC & Mac et qu’ils ont tous pris, peu ou prou, le virage vers les applications mobiles. Le problème de la sauvegarde des données devient, de fait, encore plus prégnant en cas de changement de mobile ou de perte de celui-ci. La tenue du carnet de plongée ne peut donc quasiment se faire qu’avec votre mobile si vous utilisez une de ces applis.
Les logiciels PC/MAC
J’ai retenu dans la liste ci-dessous les 4 meilleures solutions logicielles selon moi :
Subsurface
Subsurface est un logiciel libre de tenue à jour de carnet de plongée. Il a été créé par Linus Torvalds, le fondateur du noyau Linux et a été publié en 2011. L’application permet de connecter un très grand nombre d’ordinateurs du marché. La communauté qui tient l’application à jour est assez réactive. L’application pêche à mon sens par la complexité de son interface utilisateur.
Diving Log
Diving Log est un logiciel payant créé par un plongeur allemand, Sven Knoch. A l’instar de Subsurface, le programme permet la connexion avec de très nombreux ordinateurs de plongée du marché, ces fonctionnalités sont très riches, voire foisonnantes, ce qui fait que l’on peut juger les manipulations à réaliser rébarbatives pour « tout bien faire » dans le logiciel.
Dive Log Manager/DiveLogDT
Nous entrons avec ce couple applicatif dans le monde Apple. On dispose ici d’une application mobile iOS et d’un programme Mac. L’import des plongées est possible pour un grand nombre d’ordinateurs, et le focus est mis sur la qualité des informations entrées pour disposer d’un carnet de plongées complet et esthétique.
MacDive
De même que précédemment, on trouve ici un binôme App iPhone/iPad & App Mac. Le mode de fonctionnement est le suivant : on « uploade » les données de l’ordinateur de plongée sur le « cloud » de MacDive via l’application mobile, et on peut enrichir les données via l’application Mac. C’est un peu le même fonctionnement que pour les ordinateurs Shearwater. L’intérêt principal de l’appli me semble être la géolocalisation des photos sou-marines pour les rattacher à vos plongées. Cependant , l’interface utilisateur me semble un peu austère.
Les logiciels Android
Je ne fais ici qu’un zoom sur les logiciels pour mobile Android. En effet, l’offre sur iOS est beaucoup plus confidentielle. Pour ma part, je n’ai trouvé que les solutions « MacDive » et « DiveLogDT ».
Divemate
On trouve ici une application qui permet de connecter un grand nombre d’ordinateurs de plongée. L’interface utilisateur est plutôt intuitive. L’application se concentre sur la tenue à jour du carnet. Attention, pour pouvoir réellement utiliser cette application, il faut acheter des « packs d’extension » comme le « Transfer pack » pour connecter son ordinateur de plongée, le « Data Pack » pour importer ou exporter les données vers d’autres logiciels… Bref, il s’agit là d’une fausse application gratuite avec des fonctionnalités limitées si on n’achète pas les extensions.
Logmydive
C’est une application soutenue par le site web « Prêt à plonger« . il faut se créer un compte pour pouvoir l’utiliser. Il n’est pas possible de connecter un ordinateur de plongée. C’est donc juste une dématérialisation du carnet de plongée papier.
Dive Number
C’est une application de dématérialisation du carnet papier. Il n’est pas possible de connecter un ordinateur de plongée. L’interface utilisateur rend l’application, de mon point de vue, totalement inutilisable !
Dive+
Dive+ est une application chinoise, en anglais, orientée réseau social. Elle permet de faire de la « retouche photo » et adjoint un semblant de carnet de plongée. Comme l’application, précédente, je la note « à fuir » !
Les solutions hébergées
Je présente ici quelques solutions d’hébergement en ligne de votre carnet de plongées, certaines sont riches en fonctionnalités, d’autres moins :
Carnet de plongées FFESSM
Le Carnet de plongées dématérialisé proposé par la FFESSM a été mis en place à la suite de la nouvelle version du site web de la fédération, liée à la refonte de son système d’information. On y retrouve tous les éléments pour saisir ses plongées dans une interface plutôt agréable, cependant, il n’est pas possible d’importer les données de son ordinateur de plongée pas plus que d’une autre source informatique, ce que je trouve regrettable et rédhibitoire pour son utilisation. C’est une bonne initiative, mais les fonctionnalités proposées sont largement insuffisantes de mon point de vue, par rapport à d’autres solutions. D’autre part la fonctionnalité de validation électronique de la plongée ne fonctionne que pour des moniteurs certifiés par la fédération… Si on plonge à l’étranger dans un centre CMAS ou PADI ou SSI, il n’est pas possible de faire certifier sa plongée.
Diveboard
Le site web Diveboard est une initiative d’un collectif de plongeurs. Il est possible de connecter son ordinateur de plongée, mais la liste des ordinateurs supportés semble un peu dater… L’interface utilisateur est dotée d’un design assez rugueux. Le site dispose aussi aussi d’une app mobile permettant d’accéder à ses données de plongées. Sa philosophie est de mettre en relation les plongeurs avec des centres de plongée du monde entier.
Divelogs
Le site web Divelogs est une initiative d’un plongeur photographe allemand, Rainer Mohr. C’est une communauté de plongeurs et non un produit commercial. La liste des ordinateurs que l’on peut connecter au site est assez impressionnante et remarquable. L’interface utilisateur est assez austère, ce doit être le côté allemand du site. Il existe une application mobile qui permet de visualiser les données du site.
En conclusion…
Vous l’aurez compris, je recommande de n’utiliser les solutions fournies par les constructeurs (Diverlog+, LogTRAK, Shearwater Cloud par exemple) que pour paramétrer vos ordinateurs et mettre à jour le micrologiciel. Si on utilise ces logiciels pour son carnet de plongée, on est « condamné » à garder la même marque d’ordinateur toute sa vie, ou alors de morceler son carnet en fichier distinct avec des interfaces utilisateurs différentes. De plus la saisie d’informations sur un mobile ne me paraît pas idéale.
De même, les carnets de plongée sur Android ne me paraissent pas une bonne solution : la saisie est complexe, la plupart des applis sont de fausses bonnes idées, voire de pures arnaques…
Pour ma part, après avoir utilisé Subsurface pendant un certain temps, j’ai abandonné cette solution, car l’interface utilisateur n’est franchement pas satisfaisante, pas plus que la connexion avec l’ordinateur de plongée qui m’a souvent posé souci. J’ai donc opté pour le logiciel Diving Log 6.0 et j’ai investi la somme de 39,00 € pour l’acheter. J’ai réussi à importer relativement simplement tout mon existant de plongées (depuis que j’ai récupéré des profils) et j’avoue avoir passé du temps pour bien décrire le matériel, les sites, scanner les tampons de validation, réimporter les photos de mes partenaires de plongée dans ce logiciel. Mais je trouve que le résultat en vaut la peine. J’aime beaucoup le côté « bases de données » de cette application, car elle permet des recherches multi-critères intéressantes. La possibilité d’importer les fiches descriptives de la faune depuis « Encyclopedia Of Life » est un vrai plus. On peut aussi construire la disposition d’écran que l’on souhaite à l’aide d’yun fichier XML. Pour ma part, j’ai fait mon peropre fichier que je vous mets à disposition ici. Enfin, la synchronisation avec mon mobile est un jeu d’enfant (quand on a bien compris le processus à employer !).
Par ailleurs, je télécharge également le contenu de mon carnet de plongée de Diving Log vers Divelogs pour avoir une sécurité complète (et c’est très simple à faire). Je n’ai pas pour habitude de faire de la publicité, mais la solution Diving Log s’est vraiment imposée à moi.
Et vous, quelle solution de carnet de plongée dématérialisée utilisez-vous ? Merci par avance pour vos retours !
Bonjour PHIL,
Je ne partage que très modérément le contenu de ces carnets de plongée de la FFESSM… C’est un peu léger ! On se demande si certains concepteurs ont appris la physique des gaz/thermodynamique/mécanique des fluides, avant de l’enseigner… Dans ce cas, la dématérialisation n’a pas beaucoup de sens et n’apporte pas grand’chose. (Avec la feuille A4, il me faut 3 secondes pour connaître le détail de la plongée que j’ai effectuée au Cap Creus le XX/X/2021)
Personnellement, depuis 85 que je plonge par éclipses, il est vrai, il y a très longtemps que je n’utilise plus ce « carnet » un peu puéril(c’est bien pour un enfant de 10 ans), comme l’état d’esprit de certains clubs de plongées qui vous appellent par votre niveau de plongée…. « toi, le N1, tu plongeras avec Jacques( c’est un moniteur fédéral !) ».
Soyons sérieux, je préfère sortir le traçé de ma courbe de plongée sur un format A4,(tant en circuit ouvert qu’en fermé/recycleur électronique) issue d’un de mes ordinateurs(SUUNTO ou SHEARWATER); ils permettent de connaître les variations de pression, les variations de température de l’eau, la PPO², PPN², PPHe la composition du gaz respiré et ses variations, les paliers, les tensions des batteries de son recycleur…. Par ailleurs, il y a des infos indispensables sur la désaturation en fonction du modèles utilisés(VPM, RGBM, BULHMANN,…). Il est aussi important de noter les personnes associées à la plongée, les difficultés rencontrées, l’évolution de la consommation en fonction des courants/de la pression et du profil marin. Avec ces données, on peut mener une analyse précise de sa plongée et en tirer les conclusions. On peut aussi y introduire des données sur la condition physique du plongeur… les travaux réalisés et l’énergie consommée qui peut se traduire par une fatigue plus importante.
Bon, je vais essayer de repasser mon N1 que j’ai déjà loupé trois fois….
Merci pour ta contribution Eric ! Et bonne chance pour ton N1 ! C’est un N1 option Recyclo ? 😉