Au cours de nos formations en plongée, nos instructeurs nous rappellent, voire nous rabâchent des consignes de sécurité et de bon comportement. Parmi elles, on trouve toujours le fait de ne pas prendre l’avion dans les heures qui suivent une plongée. Curieusement, il y a plusieurs autres choses à ne surtout pas faire, ou à éviter dans le temps postérieur à une immersion. J’ai pensé à cet article en voyant un stagiaire de mon club fumer une cigarette juste après un entrainement au cours duquel il avait passé une petite heure sous l’eau à 4 mètres de profondeur. L’esprit de ce billet est donc de dresser un inventaire (qui ne sera certainement pas exhaustif) de ces choses à ne pas faire, car certaines sont rarement, voire jamais évoquées par les moniteurs, et d’autres semblent plus surprenantes ! Attention, je ne me pose pas ici en tant que donneur de leçons, ou de « Père-La-Morale », je liste des choses à savoir, à chacun de décider de ces actions !
Ce billet ne cherche juste qu’à lister des actions qui ont un impact défavorable ou néfaste sur notre santé et notre intégrité physique. Nous savons qu’après une plongée, l’azote qui a été dissous dans notre corps met un temps certain à reprendre sa forme gazeuse, c’est la phase de désaturation. La plupart des choses que je vais énoncer ci-dessous à voir avec ce phénomène physique. Je vais donc commencer cet article par lister les choses les plus évidentes, celles que les moniteurs n’oublient pas de rappeler, telle une litote, et je détaillerai ensuite les choses auxquelles on pense un peu moins.
Faire des efforts
En tout premier lieu, la règle d’or après une plongée est de rester cool, et de se reposer ! C’est une très mauvaise idée que d’entreprendre des efforts physiques juste après être sorti de l’eau. On se rend bien compte de cela quand on doit porter son bloc jusqu’au compresseur : il parait plus lourd qu’avant la plongée ! En fait la désaturation fatigue notre organisme, et si on met à solliciter notre corps par des efforts musculaires, on accroit le risque de voir des bulles d’azote se former à l’intérieur de notre corps, et donc on augmente le risque d’ADD. On évitera donc de partir pour un 500 mètres de nage, d’aller faire un footing, d’entamer une partie de foot endiablée avec les copains, ou de démarrer une séance de musculation ! Les scientifiques s’accordent aujourd’hui à dire qu’il convient d’attendre au moins 4 à 6 heures avant de faire une activité physique après une plongée bouteille.
Prendre l’avion
Quand on monte dans un avion, une fois les portes fermées, la pression ambiante passe à 0,8 bar. Cette baisse de pression fait augmenter le gradient entre l’azote dissous dans notre corps, et l’air que nous respirons. Cela augmente donc mécaniquement le risque d’ADD. J’avais déjà parlé de cela dans mon article sur le « No-Fly« . Soyez vigilants là-dessus et évitez de prendre l’avion dans les heures qui suivent votre plongée. Je ne saurais que trop vous recommander de patienter au moins 12 heures pour limiter les risques d’accident.
Faire une balade en montagne
Comme pour l’avion, aller faire une randonnée en montagne après une plongée n’est pas du tout une bonne idée. L’altitude expose le plongeur à une « dépressurisation » (comme pour l’avion, en effet, à 1 000 mètres d’altitude, la pression ambiante est d’environ 0,9 bar). On se retrouve donc dans une situation similaire à celle d’un passager dans un avion… La désaturation est perturbée et on se retrouve exposé à un risque plus important d’ADD. Laissez donc tomber l’idée d’aller acheter de suite la petite tome de montagne à tomber par terre, produite par le berger corse dans l’arrière-pays non loin de votre centre de plongée !
Pratiquer l’apnée
Pendant l’été, alors qu’il fait bien beau et chaud, on se déséquipe, et la tentation est grande de plonger de nouveau dans l’élément liquide pour nager autour du bateau… Et sans nous en rendre compte (et parce que nous aimons ça), on fait des petites apnées à 3-5-7 mètres de profondeur…. Encore une fois c’est une idée saugrenue de faire cela. Pendant votre apnée, la profondeur fait que la pression ambiante augmente à nouveau, ce qui peut provoquer une dissolution supplémentaire de l’azote dans les tissus. Lors de la remontée (typiquement assez rapide en apnée), l’azote peut former des bulles dans le sang ou les tissus, augmentant le risque d’ADD. D’autre part, le fait de bloquer notre respiration ralentit l’élimination de l’azote par les poumons, ce qui favorise l’accumulation de bulles. Enfin, il ne faut pas négliger le fait que nous soyons fatigués après une plongée, et cette fatigue, combinée à la pratique de l’apnée augmente considérablement les risques d’accident, notamment de syncope.
On le voit bien dans cette première liste, tout cela tombe sous le sens, et les moniteurs ne manquent pas de le rappeler systématiquement. Cependant, il y a aussi des trucs auxquels on pense beaucoup moins, et sur lesquels nous sommes collectivement moins vigilants.
Laisser son matériel en désordre
Le moment où on se change et nous quittons notre qualité d’homo palmus pour redevenir homo sapiens est un moment important. Il faut veiller à ne pas s’étaler au sol, et comme sous l’eau laisser la plus petite empreinte possible. J’explique cela par plusieurs facteurs : Être sûr de ne rien oublier ou rien égarer, éviter de laisser trainer au sol des objets sur lesquels les autres plongeurs ou des promeneurs pourraient trébucher et se blesser, et tout simplement faire preuve de respect pour les autres en adoptant un savoir-être empreint d’humilité et de discrétion. On voit trop souvent des « zozos » bruyants et extravertis qui s’étalent pour bien montrer à tout le monde qu’ils (ou elles) sont plongeurs, et pourtant ils nuisent à l’image de notre sport.
Prendre une douche ou un bain chaud après une plongée en eau froide
Pour moi qui plonge régulièrement en eau « fraiche », il est souvent tentant d’aller se réchauffer sous une bonne douche chaude juste après la plongée (si l’infrastructure présente sur site le permet bien sûr !). C’est encore là une mauvaise idée. En effet, la douche chaude va accélérer le flux sanguin : La chaleur va faire que les vaisseaux sanguins se dilatent, ce qui va provoquer la rediffusion de l’azote dans l’organisme. Si la douche est prise dans la première heure après la sortie de l’eau, on peut assister à des phénomènes de libération anarchique d’azote dans les tissus, et aussi, favoriser l’apparition d’un ADD. Au contraire de tout cela, je recommanderais plutôt de :
- Bien se couvrir et se protéger du vent pour se réchauffer.
- Mettre un bonnet ou une casquette pour se couvrir la tête et favoriser la récupération (dès qu’on met un bonnet on a moins froid).
- Boire de l’eau plate en petites quantités souvent répétées.
- Attendre une heure après la plongée pour prendre une douche d’abord tiède puis augmenter la température progressivement.
Boire de l’alcool
Quand on plonge, on se déshydrate. Physiologiquement, un mécanisme de diurèse se met en route. En plus de de toute cette eau dégradée en urine (et donc perdue pour l’organisme), il faut savoir que l’air comprimé de nos blocs de plongée a été filtré, purifié et asséché, et que de ce fait, il est très sec. Le respirer favorise donc encore plus la déshydratation. Aussi, boire une bière bien fraiche ou trinquer à un apéro sur le bateau (comme je l’ai souvent vu et fait autrefois) est une très mauvaise idée. L’alcool a un effet déshydratant qui ne fait qu’amplifier le phénomène de déshydratation. Il convient donc de s’en tenir éloigné le plus longtemps possible après une plongée. En tout cas, prohibez l’alcool entre les 2 plongées de la journée, et attendez au moins 2 heures avant de vous rafraîchir avec une bonne bière !
Boire du café ou du thé
En sortant de l’eau, et plus spécialement après une plongée en eau froide, la tentation est grande de se réchauffer avec une boisson chaude. Nombre de plongeurs (dont moi) ont toujours un thermos de café ou de thé dans leur nécessaire d’après plongée. Mais alors, pour quoi éviter de boire du café ou du thé après la plongée ? La base du café et du thé, c’est bien de l’eau mais, consommés en grande quantité, ils n’hydratent pas le corps et provoquent même l’effet inverse, La caféine et la théine sont de puissants diurétiques : au lieu de vous hydrater, ils accélèrent l’élimination de l’eau (à partir de 400 mg de caféine par jour, soit deux ou trois tasses de café, on se déshydrate). Donc oui à une petite tasse pour se réchauffer après la plongée, mais évitez d’engloutir 2 ou 3 mugs de thé après votre plongée ! À titre personnel, je sucre généreusement mon thé pour favoriser la récupération, et je me limite à 10-15 cl de thé.
Fumer du tabac
En tant qu’ancien fumeur (j’ai arrêté la clope le 5 octobre 2002, soit il y a un peu plus de 22 ans), je sais combien cette addiction induit une vraie dépendance. Il faut savoir que la cigarette vous fait inhaler de la nicotine et du monoxyde de carbone. Ces 2 agents actifs ont des effets néfastes sur le corps :
- La nicotine provoque une accélération de la fréquence cardiaque (donc une augmentation de la consommation de gaz), et une vasoconstriction périphérique qui augmente le risque d’ADD car elle perturbe l’élimination de l’azote dans l’organisme.
- Le monoxyde de carbone a une affinité supérieure à l’oxygène avec l’hémoglobine. Or c’est l’hémoglobine qui transporte l’oxygène dissous vers les organes qui en ont besoin. En fumant, on inhale beaucoup de CO, donc l’oxygénation des muscles et des organes n’est pas correctement réalisée. Cela entraine une diminution des performances physiques, on a le souffle court, et on s’essouffle plus vite.
L’association des deux renforce donc considérablement les risques ! Les autorités médicales recommandent de ne pas fumer pendant les 8 à 12 heures avant une plongée. Pour les fumeurs, cela se traduit et se comprend par une véritable interdiction. Pourtant il suffit de se fixer une petite règle : je ne fume pas après le réveil et avant la plongée du matin. Tenez-vous éloigné de la cigarette le plus longtemps possible après la plongée, et essayez de ne pas fumer pendant l’intervalle surface entre 2 plongées. J’aurais tendance à conseiller d’attendre au moins 2 heures de désaturation avant d’allumer une cigarette. Pour finir, et en espérant ne pas être rabat-joie, lors d’un stage de plongée, profitez-en pour diminuer votre consommation !
Se faire faire un massage
Lors de voyages en Indonésie, et particulièrement à Labuan Bajo (la capitale de la plongée dans l’archipel de Komodo), j’ai pu constater qu’il y avait beaucoup de centre de massages thaï qui jouxtaient les nombreux centres de plongées. Il est vrai qu’il peut être tentant d’aller se détendre et de profiter d’un massage profond qui enlèvera toutes les petites contractures. Eh bien, ce n’est pas une bonne idée. Là encore, les autorités médicales déconseillent cette pratique dans les 12 heures qui suivent une plongée. Il semblerait que la sollicitation musculaire effectuée à l’occasion d’un massage augmente le flux sanguin et favorise l’apparition d’un ADD. On oublie donc le massage thaï ainsi que la séance chez le kiné !
On le voit, nous devons vraiment être vigilants après avoir pratiqué notre activité favorite ! La phase d’après-plongée doit nous inciter à la fainéantise. Notre corps a un grand besoin de récupération après avoir été soumis à la compression et à la dissolution, laissons les choses se faire normalement, profitons du moment pour remplir notre carnet de plongées, pour échanger avec les autres plongeurs du centre (c’est toujours l’occasion de rencontrer d’autres personnes), voire de profiter d’une petite sieste réparatrice ! Encore une fois, il ne faut pas être rigoriste dans l’approche, faites-vous plaisir, mais prenez soin de vous !
Et vous, avez-vous identifié d’autres choses à ne surtout pas faire après une plongée ? Merci par avance pour vos retours !
Il me semble qu’on a aucune preuve de la dangerosité d’une douche chaude qui pourrait aussi permettre de libérer plus vite l’azote.
Bonjour Luinel, merci pour ton commentaire ! Il y a effectivement assez peu de publications sur le sujet. Mais toutes les écoles de plongée sans eception déconseillent une douche chaude, ou un spa chaud juste après la plongée. L’idée est laisser passer passer les 2 premières heures pourréduire le risque.
Bonjour dans la Vienne, à la fosse de Civaux, les douches sont très chaudes. Tu peux les contacter pour te renseigner, il y a eut quelques ADD suite à des douches prolongées.