Alors que je viens de terminer une session de formation de Plongeur Niveau 3 FFESSM au sein de mon club, j’ai été questionné par Clem, une plongeuse polynésienne qui envisage de passer ce brevet. Je me suis rendu compte que depuis plusieurs années, nous avons découpé la formation Plongeur Niveau 2 FFESSM en 2 modules distincts : PA20 (Qualification Plongeur Autonome à 20 mètres) et PE40 (Plongeur Encadré à 40 mètres), comme le permet aujourd’hui la réglementation. Grand bien nous en a pris, car, avec le recul, nous formons des plongeurs et des plongeuses qui acquièrent une meilleure technique. Pourtant, après le Niveau 2, tous les stagiaires demandent à passer le Niveau 3 sans passer par des modules d’apprentissage séparés. L’idée de ce court billet est donc de présenter un parcours alternatif au Niveau 3, afin d’ouvrir le débat.
Tout d’abord, il convient de rappeler qu’il n’y a guère qu’en France où la plongée loisir est autorisée au-delà de 40 mètres. Dans la plupart des pays du monde, la profondeur maximale autorisée est bien limitée à cette profondeur, tout simplement pour des raisons de sécurité. en effet, dès qu’on dépasse 40 mètres, on entre dans une zone d’immersion très engagée et accidentogène.
Le petit tableau ci-dessous résume les différences entre les deux formations :
| Qualification PA40 (Plongeur Autonome 40 mètres) | Brevet Niveau 3 (Plongeur Autonome 60 mètres) | |
|---|---|---|
| Brevet | Certification nationale valable uniquement en France (y compris DOM et TOM) | Certification internationale reconnue par la CMAS (107 pays adhérents) |
| Prérogatives | Permet de plonger en autonomie jusqu’à 40 mètres, sous l’autorité d’un Directeur de Plongée | Permet de plonger en autonomie jusqu’à 60 mètres, sous l’autorité d’un Directeur de Plongée Permet de plonger en autonomie jusqu’au 40 mètres , sans Directeur de Plongée |
| Secourisme | Pas de compétences particulières exigées | Qualification de secourisme obligatoire (RIFA Plongée) |
| Organisation | Pas de compétences particulières exigées | Compétences d’organisation de plongée |
J’ai coutume de dire que « les mots sont importants », alors, à la FFESSM, quelle est la différence entre brevet et qualification ?
- Un brevet est un diplôme ou une certification officielle délivrée par une institution reconnue (État, organisme délégataire, …) qui atteste de l’acquisition d’un niveau de compétence ou de connaissances dans un domaine spécifique. Un brevet est souvent obtenu après un examen ou une évaluation?
- Une qualification est une reconnaissance des compétences et aptitudes dans un domaine donné. Elle peut être obtenue par un diplôme, une expérience professionnelle ou une formation spécifique.
On pourrait synthétiser la différence par le fait qu’un brevet peut être un moyen d’obtenir une qualification, mais qu’une qualification ne nécessite pas forcément un brevet. Ou encore, une qualification étend les compétences d’un plongeur sans modifier ses prérogatives fondamentales, tandis qu’un brevet étend tout court ses prérogatives. Par exemple un plongeur Niveau 2 peut plonger encadré jusqu’à 40 mètres, et si il est titulaire de la qualification « Plongeur Nitrox », il peut en plus plonger en utilisant des mélanges suroxygénés dans le même cadre.
En résumé, la qualification PA40, apporte au plongeur Niveau 2 la possibilité de plonger en autonomie jusqu’à 40 mètres. Le brevet Niveau 3, étend les prérogatives du plongeur jusqu’à 60 mètres.
La différence fondamentale se situe sur l’autonomie en grande profondeur, la compétence d’organisation de plongée (choix du site, mise en place et gestion active de la sécurité, connaissances en matelotage et lecture de cartes marines, …) ainsi que la compétence de secourisme par la connaissance et la mise en œuvre de la chaîne des secours, au travers de la qualification RIFA Plongée (tiens, encore une qualification !).
La formation Plongeur Plongeur Niveau 3 est une formation exigeante en temps et en investissement personnel, aussi, La qualification PA40 peut être intéressante pour des personnes n’ayant aucun désir d’aller plus profond que 40 mètres en autonomie, ou bien ce peut être un moyen d’étaler la formation pour acquérir de l’expérience avant de passer à l’autonomie à 60 mètres. La qualification PA40 n’est pas du tout de mon point de vue un diplôme « en chocolat ». Tout dépend de la volonté et de l’envie du plongeur ou de la plongeuse qui envisage d’aller plus loin après son Niveau 2.
Actuellement, la FFESSM ne publie pas de statistiques détaillées sur les diplômes délivrés chaque année. Les seuls éléments communiqués par le Secrétariat Général à l’Assemblée Générale de Décembre 2024 , à savoir, 56 439 brevets délivrés (en augmentation de 10 % par rapport à 2023), dont 19 453 brevets de plongeur Niveau 1 (soit 34 % des brevets). Le reste des brevets se répartit donc dans la myriade de diplômes délivrés. À la suite d’un échange par mail avec Jean-Lou Feretti (le Secrétaire Général himself), ce dernier m’a transmis les éléments chiffrés depuis la saison 2017-2018, et je le remercie vivement pour cette opération de transparence spontanée ! Comme il me l’a écrit « il n’y a rien de secret ». Voici donc une rapide synthèse :
On voit sur le graphique une stabilité globale du nombre de brevets N3 délivrés. Si on exclue « le trou d’air » dû à la crise Covid-19, un peu plus de 3 000 brevets brevets Niveau 3 sont délivrés chaque saison, avec une répartition 73/25 entre les plongeurs et les plongeuses.
On voit sur le graphique une augmentation régulière post « crise Covid » du nombre de certifications délivrées. l’augmentation annuelle est d’un peu plus de 10 %. La répartition hommes/femmes est sensiblement la même que pour le N3. il semble bien que cette qualification ait trouvé son public.
On constate sur le graphique qu’il y a beaucoup plus de RIFAP délivrés que de brevets N3 (ce qui de mon point de vue, est une bonne nouvelle), l’impact de la crise Covid-19 sur l’effondrement des certifications est plus importants que pour les autres certifications. La répartition hommes/femmes est d’environ 70/30.
Pour ma part, je n’ai encore pas rencontré de plongeuse ou de plongeur ayant opté pour ce parcours, pourtant, les chiffres parlent d’eux-mêmes, cette certification rencontre un engouement certain. Il faut donc que les clubs affiliés à la FFESSM réfléchissent sur les formations qu’ils proposent pour peut-être ajouter cette certification à leur « catalogue ».
Et vous, avez-vous sauté le pas directement du Niveau au Niveau 3, ou bien êtes-vous passé par la « PA40 » ? Merci par avance pour vos retours !
PA 40 depuis un bout de temps.J’ai 60 ans et plus envie de m’investir dans une formation. Je plonge en voyage et mon Pa40 a toujours été accepté de partout. J’ai par contre passé le Rifap, le nitrox1et pour donner un coup de main au club le tiv.
Bonnes bulles
de Guadeloupe
Merci Morier pour ton commentaire ! Bonnes bulles à toi !
Bonjour…
Je crois en cette formation PA 40 comme un véritable tremplin vers le N3..
Qui a la grande différence du PA40 permet a des plongeurs autonome, sans DP de pouvoir organiser planifier secourir un plongée de 40m…
Et l expérience avant d aller plus profond que 40…
Merci Surjis pour ta contribution ! Je suis assez d’acord avec, l’augmentation des espaces d’évolution de façon progressive est une bonne approche !
Bonjour,
Avec ma femme, d’abord le PA40 puis environ 2 ans de plongées autonomes dans la zone 30-40m avant de passer le N3. Très bon pour l’expérience, mais comme nous voulions le N3 pour plonger sans DP, mon grand regret est que lors de la formation N3, nous avons retravaillé toute la partie technique sans se focaliser plus que ça sur la partie gestion de la plongée (et clairement, heureusement qu’il y a internet pour compléter les manques). Donc l’impression que le passage par le PA40 d’un point de vue purement formation N3 n’était pas vraiment reconnu.
Mais qu’est-ce que nous avons fait comme remontées assistées de 40 m !!!
Merci Corto66 pour ton retour ! C’est effectivement dommage si vous n’avez pas pu approfndir le volet orga… Tu peux toujours télécharger le support que j’ai mis à dispo, peut-être pourra-t-il t’être d’une quelconque utilité.
Bon,nes bulles à toi et à ta compagne
Ton support a fait partie de « heureusement qu’il y a internet pour compléter les manques ». Et c’est donc l’occasion de te remercier pour l’ensemble de ton œuvre !!!
Bonjour,
Merci Philippe pour ton approche toujours judicieuse de toutes ces questions…
Je suis passé par un PA 40 (E2 aujourd’hui), et c’est une des plus belles innovation de la Fédé ces dernières années, mais malheureusement, de nombreuses structures ne le proposent pas, voire dissuadent de le passer sous prétexte que son programme est proche de celui du N3, alors autant y aller directement… et c’est vraiment dommage.
C’est une marche très intéressante entre les N2 et 3, car elle propose l’autonomie à une profondeur que les N2 connaissent déjà, et comme cela a été dit, certains s’en contentent et ne souhaitent pas s’aventurer au-delà.
De plus, la quasi-totalité du N3 se pratique à 40m max (MF1), or la zone 40-60 est celle qui mérite une expérience vraiment spécifique, que les N3 découvrent souvent seuls, après leur diplôme, et pas toujours dans les meilleurs conditions, on le sait. Quel est l’intérêt ?
Comme cela a été judicieusement fait pour le N2, il Il serait plus sage de scinder le N3 en 2 parties : PA-40 + module PA-60.
Et le PE-60 là dedans ? Inexistant, pour d’autres raisons…
NOTA : Entendons-nous : je ne milite pas pour l’interdiction de la zone 40-60, bien au contraire ! mais le N3 actuel n’y prépare pas vraiment à maon avis.
Merci Luc pour ta contribution ! Entièrement d’accord avec toi, le PA40 est une approche qu’il faudrait populairsier ! Beaucoup de plongeurs ne veulent pas aller au-delà, et dans plein de pays, c’est de toute façon interdit …
Pour la formation N3, les choses sont en train de bouger avec la mise en place du BEPPA (le fameux MF1+), mais malheureusement les sessions sont compliquées à mettre en place visiblement !
Merci 😉 Le RIFAP est souvent cité ici : nous considérons dans notre club que le RIFAP devrait être passé dès le N2 / PA20, avec des rappels réguliers tout au long de la formation.
Rappelons qu’en Club asso en particulier, le DP est souvent dans l’eau… et toutes les palanquées d’autonomes en difficulté doivent pouvoir prendre les bonnes décisions en se retrouvant seules en surface… Certes, les risques d’ADD sont peu probables sur une plongée simple à 20 m, mais il y a d’autres sources d’incidents possibles…
Le PA-40 en est également dispensé, et là quelque chose m’échappe… Y a-t-il une raison pour le rendre obligatoire seulement à partir du N3 ?
Merci Luc ! Oui, il y a bien une raison : les plongeurs N3 peuvent organiser leurs propres plongées jusqu’à 40 mètres de profondeur sans avoir besoin d’un quelconque Directeur de Plongée. Il leur est donc absolument nécessaire de posséder les compétences d’organisation de plongée et de secourisme pour réagir à un accident. Le plongeur PA40 plonge toujours sous l’autorité d’un FP qui prendra en charge l’organisation des secours en cas d’accident.
Concernant le RIFAP, je le fais passer à ma fille qui est PE40 car je trouve que c’est une compétence importante malgré qu’il n’y ai aucun caractère obligatoire. A mon époque le problème ne se posait pas puisque après le N2, c’était le N3 ou le N4. Par contre j’ai regretté de ne pas pouvoir aller dans la zone des 60 m car le moniteur (E4) n’a pas voulu nous y amener, sûrement à juste titre, tant que la formation N3 n’était pas terminée. A l’heure actuelle, je pense que je privilégierait le PE60 plutôt que le PA40 avant de passer le N3. Toutefois je ne vois pas de
contre-indication à passer le PA40 et acquérir de l’expérience en prenant sont temps avant de passer le N3 mais toujours en passant par le module PE60.
Merci Jean-Luc pour ta contribution ! Attention, il faut bien savoir qu’un plongeur PE60 peut plonger au-delà de 40 mètres uniquement en étant encadré par un plongeur E4 (MF2 pour faire vite)… Comme ces gens-là ne courent pas les rues, l’accès à la très grande profondeur peut être bien compliqué !