Retour sur la formation initiateur 2024/2025

Cette année au sein de mon club, en parallèle de la formation Niveau 3 dont j’avais la charge, j’ai co-animé avec mes amis T. (Moniteur Fédéral 2^ème Degré) et C. (Tuteur de Stage Initiateur comme moi) une formation « Initiateur Club FFESSM » pour 3 stagiaires (C., E. et M.). L’idée de ce billet est de partager l’organisation que nous avons mis en place, les difficultés que nous avons rencontrées, les moments d’euphorie et les moments de doutes que nous avons vécus. En aucun cas, je ne vais exposer ici une méthode infaillible pour former des candidats, mais plutôt vous faire un retour d’expérience avec le maximum de transparence. D’autre part, je ne cherche pas à « tirer la couverture à moi », en effet, cette formation a été conçue et réalisée en équipe, avec un principe de partage, de bienveillance et d’exigence.

Pour information, dans mon club (comme dans beaucoup de clubs associatifs), l’âge moyen du collège des moniteurs augmente d’un an chaque année, et nous rencontrons des difficultés pour renouveler notre encadrement. En effet, j’ai pu constater qu’il y a 20 ans, je faisais partie des plus vieux candidats (j’avais alors 40 ans), alors qu’aujourd’hui, il est courant de voir des cinquantenaires se présenter à l’examen… Nous avons donc pris la décision collégiale d’œuvrer et de prioriser le « recrutement » de nouveaux Guides de Palanquée et d’initiateurs club pour cette olympiade.

Lorsque 3 amies plongeuses (2 d’entre elles sont plongeuses Niveau 3, et une est plongeuse Niveau 2, elles sont sont âgées respectivement de 36, 29 et 24 ans) ont manifesté leur intérêt pour cette formation, nous étions très contents de voir de jeunes plongeuses motivées pour passer « du côté obscur de la force », mais nous avons tout d’abord hésité à les intégrer toutes les trois, tant cette formation est consommatrice en temps et demande une grande disponibilité pour les tuteurs. Mais nous avons décidé de donner suite, et avons immédiatement débuté la formation par une présentation générale de ce que recouvrait le « métier » d’initiateur club FFESSM :

Le diplôme d’initiateur de la FFESSM atteste de la maîtrise des compétences requises pour exercer la fonction d’enseignant telle que définie dans le Code du Sport. Cet encadrant possède les compétences générales suivantes :

• Connaître le cadre règlementaire de l’activité.
• Concevoir, réaliser et évaluer un acte d’enseignement.
• Organiser et sécuriser l’activité.
• Organiser un cursus de formation Niveau 1.

Il y a 2 niveaux dans le diplôme d’initiateur : l’initiateur club E1 (plongeur N2 ou N3 titulaire du brevet d’initiateur) et l’initiateur club E2 (plongeur N4 – Guide de Palanquée, titulaire du brevet d’initiateur)

Nous avons créé un groupe WhatsApp pour échanger avec nos stagiaires. Ce groupe aura permis une fluidité des échanges, mais aura aussi une utilité inattendue, j’y reviendrai plus bas dans l’article ! Voici donc comment s’est déroulé (selon ma vision) cette formation :

Le stage initial est l’occasion pour les futurs initiateurs de comprendre leur futures prérogatives et leurs futures responsabilités. Il se déroule sur un week-end et alterne des ateliers de découverte de la construction d’une séance pédagogique avec des présentations plus formelles sur le code du sport, la préparation physique, le savoir-être du moniteur… J’ai pour ma part œuvré sur les sujets de réglementation et de préparation physique. À l’issue du stage, chaque stagiaire se voit remettre son livret pédagogique avec la recommandation de le remplir très régulièrement ! Nous avons pris comme à chaque fois cette bonne résolution… et bien sûr, nous ne nous y sommes pas tenus…

Nos entrainements e déroulent chaque mardi de 20h00 à 22h00 à la piscine Léo Lagrange du centre ville de Nantes (aussi appelée « Piscine Gloriette »). Nous avons systématiquement mis en place un premier atelier de type technique pour travailler le mannequin en libre, le sauvetage en piscine avec le tractage de la victime, ainsi que l’épreuve du mannequin dans la perspective de l’examen. La difficulté sur ces aspects étaient que nos trois stagiaires ne rencontraient pas les mêmes difficultés : pour une c’était l’apnée qui coinçait, pour une autre c’était le canard et la récupération en surface, et pour la troisième c’était la tenue du mannequin qu’il fallait améliorer. Nous avons donc illustrer nos remédiations dans un cadre « réentrant » pour leur montrer que nous appliquions les méthodes que nous leur demandions d’intégrer. Cela a été très aidant tout au long de la formation.

A la suite de l’atelier physique et technique, nous basculions sur une pédagogie pratique avec, au début de la formation, des séances très détachées des sujets d’examen : « Apprends moi à faire un vidage de masque », « Apprends moi à gréer mon bloc » pour nous rapprocher de plus en plus des sujets réels, et pour finir avec un sujet d’examen fait à chaque séance.

À partir de début janvier 2025, nous avons commencé à mettre en place des séances en salle pour traiter de sujets de pédagogie organisationnelle et de réglementation. La pédagogie organisationnelle consiste à présenter une organisation pour assurer une séance complexe en milieu artificiel (plusieurs niveaux à enseigner en même temps par exemple). Cette séance doit être réalisée en garantissant la sécurité avec le minimum de moyens matériels et humains. L’exercice de style n’est pas aussi facile qu’il parait au premier abord ! Ces séances se déroulaient le mercredi ou le jeudi soir, au local de notre club, ou bien en visioconférence. Nous avons spécialisé des séances sur la réglementation quelques semaines avant l’examen, nos stagiaires, ayant quelque peu zappé le fait d’ingurgiter régulièrement le code du sport… Nous avons terminé par une séance de revue complète de tous les sujets de « péda orga » en une soirée quelques jours avant l’examen.

Le Comité Départemental a organisé deux regroupements départementaux pour permettre aux stagiaires de se retrouver, de se confronter les uns aux autres, et pour les moniteurs voir les progressions de chacun afin de proposer une remédiation à celles et ceux qui étaient le plus « en retard sur le plan de marche global estimé. J’ai pu contribuer au premier, qui était axé sur les sujets de pédagogie organisationnelle. C’est la première fois que je voyais un regroupement départemental sur cet aspect de la formation, et j’ai trouvé cette approche très positive. Mon ami C. a lui contribué au deuxième, axé sur la péda pratique.

Au fur et à mesure qu’approchait l’examen, nous avons adopté un rythme plus soutenu avec nos stagiaires pour passer progressivement du mode « Enseignement à de bons élèves », à celui de la remédiation face à des difficultés, puis pour finir sur les différences entre l’évaluation de diagnostic (savoir où se situe l’élève qui passe entre vos mains), l’évaluation formative (aider l’élève à progresser dans l’acquisition des compétences), et l’évaluation sommative (déterminer si l’élève a acquis les compétences nécessaires à la formation). C’est à ce moment-là (comme à chaque fois, et malgré nos bonnes résolutions) que nous nous sommes rendus compte que les livrets pédagogiques de nos stagiaires n’étaient pas très remplis… Fort heureusement notre groupe WhatsApp nous a permis de retrouver le contenu de chaque séance effectué et de ne pas faire un remplissage artificiel !

Je n’ai pas pu participer à l’examen en tant que jury. Mon club était représenté par mon ami C. Nos stagiaires ont déroulé l’examen comme je le leur avait conseillé la veille : « Passez une bonne soirée ce soir. Demain, vous n’avez seulement qu’à montrer ce que vous savez faire. Vous avez tout mon soutien, je vous envoie plein d’ondes positives ! » L’organisation était visiblement au top, avec 70 personnes mobilisées dont 32 candidats motivés, et une équipe logistique au top. Pour ma part, j’ai passé une journée très sympathique en famille, mais avec l’estomac noué pour mes apprenantes qui affrontaient leur premier examen fédéral de plongée…

En fin de journée, la délivrance est arrivée, nos 3 candidates ont été reçues avec brio, ce qui apporte un vrai renouvellement dans notre club, vient féminiser laz commission technique, et qui est super gratifiant pour les trois vieux croutons que nous sommes ! Lorsque je les ai eues au téléphone, j’ai été submergé par l’émotion et j’ai revécu ma remise de diplôme d’initiateur en 2006.

Si je dois retenir quelques points sur cette « aventure », ce serait : une équipe de moniteurs soudés et qui partagent en toute transparence et aménité leurs différences d’approche, 3 jeunes stagiaires qui nous ont contraints à nous remettre en question et à adapter nos approches, et l’engagement solennel que je prends de tenir à jour scrupuleusement le livret pédagogique pour la prochaine formation ! Et bien sûr, la réussite à une examen exigeant qui leur ouvre des perspectives sur leur avenir de plongeuses.

Si vous n’êtes pas déjà initiateur, j’espère que cet article vous aura donné envie de sauter le pas. Et vous les moniteurs, dans vos clubs, avez-vous des difficultés pour trouver de nouveaux initiateurs/moniteurs ? Comment organisez-vous vos formations ? Merci pour vos retours !