Depuis que je plonge, mes moniteurs m’ont appris que lorsqu’on remonte à l’échelle sur le bateau, on doit garder son masque et son détendeur en bouche pour une question basique de sécurité. Moi-même, j’ai toujours enseigné cela, en veillant à le rappeler dès que j’encadre des plongeurs en exploration… Or, il se trouve que, J., Un ami de mon club de plongée, récemment promu Guide de Palanquée m’a récemment soumis un article paru dans la revue fédérale « Subaqua » (plus précisément dans le numéro 281, paru en Décembre 2018), qui traite du sujet de la « réduction du risque d’accident de décompression chez 30 % des plongeurs ». Cet article préconise notamment de ne plus porter le masque sur le visage, et de remonter à bord avec les voies aériennes (nez et bouche) libres. Cela m’a fortement interrogé dans ma pratique de moniteur, à savoir : est-ce que j’enseigne quelque chose qui ne va pas dans le sens de la sécurité » des plongeurs ? Le but de ce billet est donc de regarder le pour et le contre, et de proposer une posture.
sécurité
Les accords toltèques de la plongée
En 1997, Miguel Ruiz publiait un livre « Los Cuatro Acuerdos », traduit en Français par « Les Quatre Accords Toltèques ». Cet ouvrage clairement positionné dans le domaine du bien-être personnel est vite devenu un best-seller, et a même créé une légende urbaine sur l’authenticité des ces règles de vie (elles auraient été écrites entre l’an 900 et l’an 1200, ce qui est bien entendu totalement faux). En 2010, l’auteur a produit un nouvel opuscule pour y ajouter un cinquième accord (dans son ouvrage « Le Cinquième Accord Toltèque »). Aussi, l’idée m’est venu de les « détourner » pour les appliquer à la plongée. Je vous en propose donc une version adaptée à notre sport favori, pour beaucoup d’entre nous ce sera l’occasion de réfléchir à notre pratique, en espérant que cela vous fasse sourire, la période n’étant décidément pas très propice !
Le principe des accords toltèques est de proposer des règles de vie qui permettent de valoriser l’estime de soi, et d’adopter des comportements qui font que l’on se sente en harmonie avec les autres. Il peuvent se résumer de la façon suivante ;
- Accord Toltèque #1 – « Que votre parole soit impeccable » : Il s’agit de parler avec intégrité, de dire seulement ce que l’on pense vraiment. Il faut utiliser la puissance de la parole dans le sens de la vérité et de l’amour. La parole est un outil qui peut détruire. Prenez conscience de sa puissance et maîtrisez-la. Il ne faut pas mentir ni calomnier.
- Accord Toltèque #2 – « Quoi qu’il arrive, n’en faites pas une affaire personnelle » : Vous n’êtes pas la cause des actes d’autrui. Ce que les autres disent et font n’est qu’une projection de leur propre réalité, de leurs rêves, de leurs peurs, de leurs colères, de leurs fantasmes. Lorsque vous êtes immunisé contre cela, vous n’êtes plus victime de souffrances inutiles.
- Accord Toltèque #3 – « Ne faites pas de suppositions » : Ne commencez pas à élaborer des hypothèses de probabilités négatives, pour finir par y croire, comme s’il s’agissait de certitudes. Ayez le courage de poser des questions et d’exprimer vos vrais désirs. Communiquez clairement avec les autres pour éviter tristesse, malentendus et drames.
- Accord Toltèque #4 – « Faites toujours de votre mieux » : Il n’y a pas d’obligation de réussir, seulement une obligation de faire de son mieux. Votre « mieux » change d’instant en instant. Quelles que soient les circonstances faites simplement de votre mieux et vous éviterez de vous juger, de vous culpabiliser et d’avoir des regrets. Tentez, entreprenez, essayez d’utiliser de manière optimale vos capacités personnelles. Soyez indulgent avec vous-même. Acceptez de ne pas être parfait, ni toujours victorieux.
- Accord Toltèque #5 – « Soyez sceptique, mais apprenez à écouter » : Ne vous croyez pas vous-même, ni personne d’autre. Utilisez la force du doute pour remettre en question tout ce que vous entendez : est-ce vraiment la vérité ? Écoutez l’intention qui sous-tend les mots et vous comprendrez le véritable message.
Je vous propose donc la formulation suivante pour les 5 accords toltèques de la plongée :
- Accord #1 – « Que votre immersion soit impeccable » : Faites en sorte d’avoir toujours une flottabilité maîtrisée, afin de ne pas porter préjudice à la faune et à la flore, limitez vos interactions avec la faune, afin d’être un observateur invisible, qui minimise son impact sur le milieu sous-marin. Tentez de laisser le spot de plongée tel que vous l’aurez découvert lors de votre immersion. Respectez scrupuleusement les consignes du Directeur de Plongée, tant sur le parcours, la profondeur et la durée d’immersion.
- Accord #2 – « Quoi qu’il arrive pendant la plongée, n’en faites pas une affaire personnelle » : Si vous constatez des comportements inadaptés chez d’autres plongeurs, il n’est pas nécessaire de vous mettre la rate au court-bouillon pour cela. Le monde est imparfait, il existe des plongeurs et des plongeuses qui, inconsciemment ou pas, n’adoptent pas une pratique respectueuse. Tentez plutôt de nouer le dialogue après la plongée pour expliquer (sans toutefois être donneur de leçon) ce que vous considérez comme déplacé. Si vous n’y parvenez pas (à nouer le dialogue), ce n’est pas grave, vous aurez au moins tenté le coup !
- Accord #3 – « Ne faites pas de suppositions sur la plongée à venir » : Il est naturel de ressentir un peu de stress avant une plongée particulière, que ce soit une plongée profonde, une plongée dérivante sur un spot avec beaucoup de courant, ou une plongée où l’on va être au contact de grands prédateurs… Partagez vos interrogations, voire vos inquiétudes avec votre binôme, votre Guide ou le Directeur de Plongée. Ils seront toujours là pour écouter expliquer et rassurer. Votre partage vous permettra de vider votre sac, et de ne pas plonger avec la boule au ventre.
- Accord #4 – « Faites toujours de votre mieux, avant, pendant et après la plongée » : Il y aura toujours un plongeur ou une plongeuse avec plus d’expérience que vous, ou qui sera plus à l’aise que vous dans une situation donnée. Appuyez-vous sur vos points forts en plongée, et travaillez sur les points que vous savez devoir améliorer. Il est toujours possible (et c’est même recommandé) de faire et refaire des plongées de remise à niveau technique avec un instructeur pour progresser. Sachez trouver votre place dans votre palanquée, et fuyez les grandes gueules d’après plongée ! Avant la plongée, faites en sorte de ne pas trop vous étaler avec votre matériel, et soyez ordonné(e) pour ne pas courir après votre équipement. Après la plongée, partagez vos observations, remplissez votre carnet, et faites attention à ne pas boire d’alcool si vous replongez ensuite.
- Accord #5 – « Soyez sceptique, mais apprenez à écouter le Directeur de Plongée et votre Guide » : N’hésitez pas à questionner les plongeurs et les plongeuses que vous côtoyez pour vous forger votre avis. Par exemple, il n’y a pas qu’une seule façon de porter assistance à un plongeur, ou qu’une seule manière d’envoyer son parachute de palier. Les idées reçues sur la bonne façon de faire, doivent être remises systématiquement en question. En cas de de doute, votre Guide, le Directeur de Plongée pourront être de bon conseil (et vous pourrez constater qu’ils vous proposeront toujours plusieurs choix !).
Si il ne tenait qu’à moi, je rajouterais même un sixième accord : « Prenez toujours du plaisir à plonger« . En effet, si l’impatience n’est pas au rendez-vous avant la plongée, le bien-être de l’impesanteur pendant, et la libération d’endorphines après, il vous faut vous questionner sur la raison qui vous a pousser à plonger… On ne plonge jamais à contrecœur, et la meilleure plongée est la prochaine que vous ferez !
Vous l’aurez bien compris, il s’agit ici de sourire un peu dans cette période assez morose. Si vous avez de votre côté des crédos particuliers que vous mettez en œuvre pour « bien plonger », je suis preneur ! Merci par avance pour vos retours ! Je profite également de ce billet pour vous souhaiter à toutes et tous une meilleure année 2021, et de vous voir en bonne santé.
Les différents moments d’une plongée
J’ai coutume de dire que notre sport est une activité rythmée par des rituels. En effet, même si toutes les plongées sont différentes les unes des autres, et portent chacune leur lot de surprises, l’ensemble des moments qui composent une exploration (ou une plongée technique) sont rigoureusement les mêmes. J’ai donc « naturellement » eu l’idée de ce court billet pour les passer en revue, les décrire, et partager avec les débutants ces différentes phases afin de démystifier tout cela ! J’en profiterai pour identifier les moments qui me plaisent le plus (et inversement).
Quelques éléments pour réussir une plongée de nuit
Pour tous les plongeurs qui l’ont déjà pratiquée, la plongée de nuit reste un plaisir des sens inégalé. Pour les autres, cela est bien mystérieux, voire inquiétant. Je me rappelle lors de notre escapade printanière d’avril dernier sur l’île de Madère, notre directeur de plongée nous avait donné rendez-vous vers 17h30 au local du centre de plongée pour aller faire une plongée de nuit sur le « house-reef ». Nous étions impatients de nous immerger, tous les vancanciers présents sur le bord de mer semblaient intrigués, et nous prenaient peut-être pour des fous d’aller nous immerger à la nuit tombante dans l’océan ! Afin de démystifier cela pour les néophytes, et afin de partager les quelques principes de bon sens pour les plongeurs confirmés, je me suis dit qu’un petit billet sur ce sujet pourrait être utile à toutes et tous. Je vous propose donc de passer en revue les différences principales entre la plongée diurne et la plongée nocturne, de lister pour les plongeurs quelques règles de bon sens, et de proposer aux Directeurs de Plongée quelques éléments supplémentaires. Cet article, comme à mon habitude, ne se veut pas définitif, et ne demande qu’à être enrichi de vos remarques !
Quelques critères pour choisir un ordinateur de plongée
Je vois souvent la question du choix d’un ordinateur revenir sur les réseaux sociaux, aussi bien que dans mon club de plongée. A chaque fois, la question est formulée sensiblement de la même manière : « Je vais passer mon N? (mettez-y N1, N2, N3 et même N4), à ton avis, quel ordinateur dois-je choisir ? ». Comme la plupart des plongeurs, je suis pris par le premier réflexe qui est de répondre « le même que le mien » ou « celui que j’ai » (et pour cause, si j’ai acheté le modèle « Trucmuche 2000 GTs », c’est que c’est à coup sûr le meilleur ! ), mais ce n’est pas la bonne façon d’aider un plongeur ou une plongeuse en plein questionnement sur cet investissement, d’autant plus que l’offre du marché, est pléthorique, aussi bien du côté des montres, que des ordinateurs de poignet ou des ordinateurs en console, sans compter les ordinateurs « Tek »… Le but principal de ce billet est donc d’apporter une aide aux plongeurs qui se posent ce type de question. Je vais tenter de ne pas avoir d’avis péremptoire et je vais dresser une liste (non exhaustive) de critères à prendre en compte pour aider dans ce choix cornélien.
Le Nitrox, oui, mais pour quoi faire ?
Quand on développe ses compétences de plongeur, on est tôt ou tard « confronté » à la proposition d’effectuer la formation « Plongeur Nitrox ». Au sein de mon club, depuis 6 ans, nous avons intégré cette formation au cursus PA20 / Niveau 2, afin que les stagiaires obtiennent directement cette qualification, et aussi pour que les moniteurs augmentent leur niveau de sécurité. Cette généralisation a eu comme effet que je ne plonge quasi plus à l’air. L’idée de ce billet est donc de faire un petit bilan personnel et de rappeler les avantages supposés et les contraintes d’utilisation des mélanges suroxygénés (sans tomber dans l’hagiographie du Nitrox, on trouve déjà beaucoup de littérature sur le Web à ce sujet !). Je rappellerai donc les contenus des formations dédiées, à qui elles s’adressent, et la façon dont j’appréhende leurs usages.
La redondance, oui, mais jusqu’où ?
Au cours des formations de plongeurs que je suis amené à dispenser avec mes copains moniteurs (et monitrices), il y a toujours un moment où nous évoquons le principe de redondance… Notamment quand nous formons des plongeurs N1, et que nous leur présentons l’usage de l’octopus, ou bien lorsque nous formons des plongeurs autonomes PA20 ou Niveau 2 et que je conseille toujours d’avoir un moyen de décompression alternatif au cas où son ordinateur tombe en panne, ou encore quand je forme des plongeurs N3, et que j’explique les problématiques du « What If ? » (qu’est ce qu’il se passe si ?) comme illustration de la nécessité de la planification et de la redondance. L’idée de ce billet, est donc de faire un point assez général sur le principe de redondance, et ce qu’il recouvre, d’en explorer les limites et de proposer quelques démarches où l’on peut soit l’alléger, soit le renforcer… Bien entendu, je ne prétends pas ici asséner des vérités immuables, mais plutôt porter des pistes de réflexion : Comme le dit l’adage populaire, « Un(e) plongeur(euse) averti(e) en vaut deux ! »
Le palier de sécurité, c’est utile ?
Chaque saison dans mon club, nous formons des plongeurs autonomes à 20 mètres. au cours de ces formations, nous abordons la décompression aussi bien en plongée technique que sur les aspects théoriques. La saison dernière, j’ai revu de fond en comble l’enseignement de ces aspects pour « alléger » la théorie sur les tables et renforcer la théorie et la pratique des ordinateurs de plongée. Néanmoins, la question du palier de sécurité ne tarde jamais à refaire surface. Ainsi, il y a toujours au moins un stagiaire qui me pose la question fatidique : « Le palier de sécurité, c’est obligatoire de le faire ? ». J’ai donc pensé intéressant le fait de partager mes idées, mes réflexions et ma pratique autour du « sacro-saint » palier de sécu !
Dans la suite, je vais faire un rapide historique pour situer comment est apparue cette pratique pour ensuite donner quelques pistes de réflexion par rapport à notre façon de plonger aujourd’hui.